Toulouse : ils ont fait construire Abricoop, un immeuble participatif

Les membres d’Abricoop sont à la fois des habitants et des coopérateurs. Ils partagent des chambres d’amis, une buanderie ou encore un jardin. Les appartements, du T2 au T5, ont été sortis de la spéculation immobilière.

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Abricoop : qu’est-ce qu’un immeuble participatif ?

Abricoop : qu’est-ce qu’un immeuble participatif ?

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Toulouse : dans cet immeuble, on fait communauté

Toulouse : dans cet immeuble, on fait communauté

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Immersion sonore à Abricoop, l’immeuble coopératif toulousain

Immersion sonore à Abricoop, l’immeuble coopératif toulousain

07:50

« Pour rien au monde je ne quitterai mon appartement. J’y suis tellement bien », s’enthousiasme Tess. La retraitée occupe l’un des sept logements réservés aux seniors de la résidence. « Nous avons eu un accord avec la CARSAT (caisse d’assurance retraite, NDLR) et cela permet de maintenir les personnes à domicile le plus longtemps possible grâce au collectif », explique à son tour Pierre. Bienvenue à Abricoop, un immeuble participatif basé dans le quartier de la Cartoucherie, à Toulouse. Ici, vivent des retraités, des familles, des étudiants. Ils forment une communauté solidaire en plein centre-ville. 

La mise en coopérative des logements est une idée qui remonte à une cinquantaine d’années. « Elle est d’abord née en Uruguay, puis a gagné progressivement l’Europe », indique Thomas, l’un des fondateurs du projet Abricoop. En Suisse ou dans les pays baltes, les coopératives d’habitants représentent entre 20% et 40% du parc immobilier.  

L’habitat participatif, une opportunité aujourd’hui

La raison ? « L’habitat est si cher que les gens s’organisent pour sortir les immeubles de la spéculation immobilière », répond Thomas. En France, les coopératives d’habitants en sont encore à leurs balbutiements. En cause, une loi datant de 1971 qui avait marginalisé le modèle avant de l’autoriser à nouveau. 

Olivier Montégut / AirZen Radio

Pourtant, le contexte économique est propice à son développement. En France, le prix des logements a explosé (+140% depuis 1998) et les conditions d’accès à la propriété ont été plus que durcies. Pour preuve, près de 4 millions de Français sont mal logés, selon le labo de l’économie sociale et solidaire.  

Comment construit-on un habitat participatif ? 

L’habitat coopératif impose un regard sensiblement différent sur l’habitat. La propriété est ici partagée collectivement via une coopérative. C’est elle qui possède l’immeuble. Les habitants détiennent, eux, des parts sociales de la coopérative. « Il y a une part d’investissement pur et une part de loyer proportionné selon les revenus », ajoute Thomas. Ainsi, les habitants sont à la fois propriétaires et locataires. 

Les logements, qui vont du T2 au T5 pour la coopérative toulousaine, ne sont pas vendus au prix de l’immobilier. Ils appartiennent à la coopérative et sont partiellement loués. Ainsi, aucune spéculation n’est possible à la revente. « Si vous partez, vous récupérez vos parts investies sans plus-value. Mais pas les loyers. On revend les parts, pas les logements. »  

Une communauté au cœur de la ville 

Les plus bas revenus peuvent ainsi en profiter au même titre que les autres. C’est une forme de propriété collective. Les logements coopératifs ont aussi une autre approche du social et de l’environnemental.  

À Abricoop, par exemple, l’immeuble a été fabriqué sur-mesure selon les envies des habitants-coopérateurs, avec des matériaux respectueux de l’environnement, le tout, sans passer par un promoteur immobilier. « Du sol au plafond », précise Thomas. « Je ne voulais pas être au rez-de-chaussée, au début. Mais l’architecte m’a fait ouvrir des fenêtres supplémentaires. Vous avez déjà vu ça ailleurs, vous ? » demande Tess.  

Les coopérateurs – ils sont quarantaine au sein d’Abricoop – veillent aussi à limiter leur impact. « Nous avons construit des logements un peu plus petits et avons décidé de mutualiser les chambres d’amis par exemple. » Une pièce de moins dans le logement, mais la possibilité de réserver une, deux ou trois chambres pour ses invités. Idem pour la buanderie. Pas de machine à laver individuelle ici. On partage également un jardin, un rooftop et une salle polyvalente ? 

Un modèle en devenir 

Mais alors, est-ce comme un tiers-lieu ? Cela dépend des coopératives. Chez Abricoop, si le collectif a toute sa place, il y a une vraie possibilité d’indépendance. « C’est d’ailleurs pour cela que j’ai choisi de vitre ici. Si on avait dû tout faire ensemble, cela ne m’aurait pas plu. J’aime aussi le fait d’avoir nos logements personnels et qu’on puisse vivre une vie autonome tout en ayant les autres à proximité », ajoute Pierre.  

En France, quelque 200 projets similaires ont été recensés. Mais, pour l’instant, seules 10% de ces initiatives ont vu le jour. Pour rattraper le retard, Habicoop (basée à Lyon) – la Fédération française des coopératives d’habitants – accompagne les citoyens dans le montage juridique et financier de leurs coopératives.  

Agence de communication Perpignan