Comment devenir un allié de la lutte contre le racisme ?

À travers son compte Instagram Sansblancderien, Estelle Depris vulgarise, depuis cinq ans, des concepts complexes sur le racisme. Avec son livre, “Mécanique du privilège blanc” (Binge Audio Editions), elle donne des clés pour passer à l’action.

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Sansblancderien, des réseaux sociaux au livre

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Le but du livre

Le but du livre

04:25

Une boite à outils pour s’engager contre le racisme

Une boite à outils pour s’engager contre le racisme

04:33

Déconstruire le racisme à travers l’éducation. C’est le but d’Estelle Depris. Ainsi, elle s’attache à expliquer le racisme systémique, la blanchité, les privilèges blancs pour que les personnes non racisées puissent devenir des alliées du combat contre le racisme. “Dans une société raciste, il ne suffit pas d’être non-raciste, il faut être antiraciste” disait Angela Davis, philosophe américaine et militante des droits civiques.

Selon Estelle Depris, nous vivons dans une société marquée par un racisme systémique. C’est pourquoi elle a souhaité offrir des outils pédagogiques pour aider tout un chacun à le comprendre. Au départ, elle a créé un podcast, puis un compte Instagram. Sansblancderien regroupe près de 100 000 personnes aujourd’hui. Bientôt, elle publiera le livre “Mécanique du privilège blanc : comment l’identifier et le déjouer ?” véritable manuel pour s’engager contre le racisme.

AirZen Radio. Pourquoi avez-vous décidé de partager vos réflexions et de donner des outils au grand public sur la question du racisme systémique ?

Estelle Depris. Déjà à l’époque, il y a cinq ans, le podcast ne devait pas être juste un podcast. Nous devions aussi donner accès à des outils pédagogiques. Donc, à la vulgarisation de contenus, de termes et de concepts sur les questions raciales. Ces éléments devaient être vulgarisés et accessibles au plus grand nombre. C’est pourquoi j’ai créé la page Instagram Sansblancderien. Sur ce compte, je partage des témoignages, et je vulgarise des concepts de sciences sociales. Ces sciences s’intéressent au racisme.

Ma communauté s’est ensuite enrichie de personnes blanches, qui veulent prendre leur place dans la lutte antiraciste. Malheureusement, beaucoup de gens croient que le racisme ne concerne que les opprimés. Ils pensent que le racisme ne touche que les personnes racisées. Mais parler du racisme seulement dans le cadre de discriminations fait oublier quelque chose : ces discriminations existent pour donner des privilèges. Des privilèges aux personnes qui ne sont pas entravées par ce système. C’est pour cela que j’aborde la blanchité sous un angle particulier.

Comment définissez-vous la blanchité ?

La blanchité désigne une construction sociale et politique. Elle concerne les personnes perçues comme blanches. Mais attention, ça ne définit pas la couleur de peau. Ce n’est pas une dynamique essentialisante. Nous parlons ici de construction politique et historique. Par exemple, les Irlandais, au début du XIXᵉ siècle, quand ils ont commencé à émigrer aux États-Unis, n’étaient pas vus comme blancs. La perception de la blanchité a évolué avec l’histoire. Cela montre que les constructions sociales de la race sont dynamiques. Ce n’est pas héréditaire, contrairement à ce que les théories pseudoscientifiques de la race ont voulu nous faire croire.

“Mécanique du privilège blanc : comment l’identifier et le déjouer ?” d’Estelle Depris, à paraître chez Binge Audio Editions. 24 euros, campagne participative en cours sur Ulule jusqu’au 22 avril.

Ce contenu audio a été diffusé le 15 avril 2024 sur AirZen Radio. Maintenant disponible en podcast sur airzen.fr, notre application et toutes les plateformes de streaming.

Par Frederik HUFNAGEL

Rédacteur en chef

Agence de communication Perpignan