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Voyage : elle arpente seule les routes de France à vélo

Sandra Jacques s'est lancée seule à vélo il y a trois ans. Depuis, elle raconte ses voyages et prodigue des conseils à ceux, et surtout celles, qui voudraient lui emboîter le coup de pédale.
© Sandra Jacques / Roule ma poupoule
Journaliste

“Mon premier voyage à vélo remonte à l’été 2021”, raconte Sandra Jacques, créatrice de Roule ma poupoule, site de voyage à vélo au féminin et rédactrice pour le magazine “200“, consacré au vélo. Un média pas si ancien, même si le monde du voyage à vélo a considérablement évolué entre-temps. Plus habituée au vélo de route, qui requiert rapidité et rigueur, l’idée du voyage à vélo la titillait pourtant depuis un moment.

Et puis, alors qu’elle traverse une année pleine de bouleversements, où elle interroge son avenir, ses envies et ses motivations, elle comprend qu’elle ressent un profond désir d’aventure. “Mais je me trouvais tout un tas d’excuses : je n’ai que des vélos de route, je n’ai pas les moyens d’investir dans un nouveau vélo, je n’ai pas de sacoches, ni d’équipement de camping.” C’est un ami qui la met alors face à elle-même. Ne s’agirait-il pas d’excuses ? Une anecdote qu’elle aime se remémorer puisque la phrase a fait tilt en elle. Qu’à cela ne tienne, il lui prêtera l’équipement qui lui manque, elle installera un porte-bagage sur son vélo avec l’aide de son père, trouvera des sacoches pas très onéreuses, ressortira son vieux vélo de route et roule ma poule !

“Extrêmement fière”

Pour son premier voyage, elle choisit une partie de la Vélodyssée, entre Hendaye et Nantes. “Et je suis partie toute seule. Parce que je me suis dit qu’à force d’attendre quelqu’un pour m’accompagner, je ne le ferai jamais.” 

Roule ma poupoule

Le plaisir et l’aventure tant attendus sont au rendez-vous. “Je suis extrêmement fière d’avoir fait ce premier voyage toute seule. Fière d’être allée au bout d’un truc solo et d’être maîtresse de mes décisions. C’est un peu difficile de se lancer parce qu’on a déjà nos propres peurs, et l’entourage vient ajouter les siennes. Il faut donc être capable de se poser la question de savoir si on tient assez au projet pour le réaliser, et si c’est le cas, il faut partir.” 

Un cap qu’elle a franchi grâce à sa motivation et sa profonde volonté, et qu’elle œuvre aujourd’hui à faire passer à ceux qui le souhaitent. “Je me présente comme “vélo féminin” parce qu’en partageant mes récits sur les réseaux sociaux, énormément de femmes qui n’osent pas se lancer m’ont écrit. Je pense que le fait qu’elles se rendent compte qu’il ne m’arrive rien est le meilleur des exemples. Et puis, je n’ai pas l’air d’une aventurière, ni d’une sportive de l’extrême. Je suis juste madame Tout le monde qui prend son vélo et ses sacoches, parce qu’elle a vraiment envie de le faire.”

À celles qui lui écrivent qu’elles ont peur de ne pas savoir se repérer, elle répond qu’elle a le pire sens de l’orientation du monde et que, pourtant, elle ne s’est jamais perdue car “il y a un outil formidable qui existe qui s’appelle le GPS”. À celles qui ont peur de ne pas savoir gérer un problème mécanique, elle leur assure qu’elles trouveront toujours une bonne âme sur le chemin disposée à les aider. “C’est rarement arrivé, mais quand j’ai eu des soucis, il y a toujours eu quelqu’un qui s’est arrêté. Et puis, il n’y a pas besoin de savoir tant de choses que ça avant de partir. Il suffit de savoir réparer une crevaison, c’est le minimum à apprendre. Et ce n’est pas si compliqué en réalité.”

Car le fait de voyager seule en tant que femme déclenche chez les autres, dit-elle, beaucoup de bienveillance et de gentillesse. “Il y a une espèce de curiosité chez les gens envers les femmes qui voyagent seules. Je n’ai d’ailleurs été confrontée qu’à des comportements positifs. Et puis, en voyage à vélo, on n’est jamais véritablement jamais seul. Il n’y a pas une journée où je ne discute pas avec quelqu’un.”

Des récits de voyage commencés finalement un peu par hasard lors de son premier voyage à vélo qui se propagent, aident, donnent envie, motivent. “C’est toujours satisfaisant d’être lue, de ne pas écrire simplement pour soi et de voir que les récits sont appréciés et attendus. C’est une petite satisfaction personnelle, mais au-delà de ça, je me suis rendu compte que ça pouvait avoir un vrai impact. Il y a des gens qui vivent le voyage par procuration à travers les récits et ceux qui se lancent eux-mêmes dans l’aventure après avoir lu mes histoires. Je trouve ça génial, et ça m’encourage à continuer.”

Les femmes la remercient, aussi, que ce soit de leur avoir donné le coup de pouce pour partir ou de les avoir rassurées en tant que mères au sujet du futur voyage de leur fille.

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