Quand on pousse la porte de l’établissement, on se sent immédiatement à la maison. Les couleurs de la salle d’attente sont pastels, dans les camaïeux de rose, bordeaux et vert. « Nous aimons plutôt parler de salle d’accueil plutôt que de salle d’attente », précise Clémence Lejeune. La jeune femme, diplômée d’une école de commerce, est l’une des trois cofondatrices du concept Sorella. Le centre pilote a récemment ouvert à Issy-les-Moulineaux, en région parisienne.
C’est ici que, 75 heures par semaine, des centaines de patientes sont reçues, écoutées, accompagnées et soignées, « de la puberté à la ménopause ». L’idée derrière Sorella : une prise en charge unique et globale de la femme.
Une interdisciplinarité inspirée de l’hôpital
La visite démarre par la salle de « staff », là où les professionnels de santé se retrouvent pour discuter, manger, se détendre. Mais aussi pour « staffer » les dossiers des patientes. Ce terme se retrouve beaucoup dans les hôpitaux, très peu dans la médecine de ville. Le principe est simple : présenter des dossiers de patientes et échanger, entre praticiens, des options à proposer pour une prise en charge complète.
« C’est rare de voir cela en ville, même dans les cabinets médicaux. Ici, on a repris une bonne pratique de l’hôpital et elle est orchestrée par une infirmière de coordination », explique la cofondatrice. Les échanges sont ouverts à tous les praticiens, médicaux ou paramédicaux : acuponcteur, ostéopathe, kinésithérapeute, médecin, sage-femme, professeure de yoga…
Un accueil bienveillant
Le lieu est composé d’une douzaine de salles. « À gauche, vous avez les salles dédiées au paramédical. Avec un cabinet de psychologie, par exemple. À droite, les salles de soins, notamment pour les sages-femmes ou les consultations », montre Clémence.
Dans les salles, oubliez les bureaux rectangulaires et les grands écrans qui cachent le médecin. Ici, on discute autour d’une table ronde.
En plus du suivi entre les consultations, Sorella propose à ses patientes l’accès à une plateforme digitale. Elle permet à la fois de préparer le dossier et d’échanger avec le personnel soignant.
« L’offre Sorella ne s’arrête pas une fois la porte de l’espace de santé franchie. Grâce au suivi entre les consultations, elle agit sur la charge mentale des femmes : des rappels leur sont par exemple envoyés pour assurer le suivi de leur santé », ajoute Clémence Lejeune.
Des praticiens formés aux problématiques liées à la santé de la femme
Selon un récent sondage Elabe, quatre femmes sur cinq disent négliger leur santé. En revanche, 70% des femmes interrogées disent ne jamais rater un rendez-vous pour un proche. « Les femmes sont dans le “care” (prendre soin, NDLR), mais rarement pour elle-même. Pour un enfant, un parent, une amie, un conjoint. Mais elles peuvent parfois passer à côté de leur propre santé », indique la cofondatrice.
Médecins généralistes, spécialistes, sages-femmes et autres professionnels de santé composent les équipes soignantes des espaces de santé Sorella. Leur point commun : tous sont spécialistes de la santé des femmes. « C’est un bon moyen de prévention aussi. Nous sommes dans un lieu qui accueille toutes les femmes et nous les sensibilisons aussi aux risques relatifs à certaines pathologies féminines, par exemple. Nous sommes aussi calibrés pour accueillir la parole des victimes de violences intrafamiliales », explique Clémence Lejeune.
L’établissement d’Issy-les-Moulineaux est un centre pilote. Il a une capacité d’accueil de 10 000 patientes par an. L’équipe dirigeante, composée de Clémence Lejeune, Jeanne Theuret et Youssef Benhaddou, compte développer le concept ailleurs en France et ouvrir une dizaine de centres du même genre.