Selon Caroline Jambon, ancienne professeure des écoles aujourd’hui accompagnante d’élèves en situation de handicap, le temps des devoirs ne doit pas être un champ de bataille. “Les journées d’école peuvent vraiment être génératrices de stress […] Ce n’est pas étonnant que les enfants fassent des crises émotionnelles le soir ou s’opposent à la réalisation des devoirs.”
Dans les familles, la tension monte souvent dès la sortie des cartables. Pourtant, insiste Caroline Jambon, la manière dont les devoirs sont abordés compte autant, voire plus, que leur contenu.”Votre enfant est plus qu’un élève : c’est un enfant. Et la relation avec vous prime sur tout.” Elle invite ainsi à bannir les injonctions autoritaires : “L’éducation par la peur, les menaces, le chantage, les punitions… c’est prendre le risque de démotiver l’enfant, de le dégoûter de la chose scolaire.”
Favoriser la concentration durant les devoirs
La concentration s’organise. Éviter les écrans, limiter le bruit, désigner un espace de travail calme… Sont autant de prérequis utiles. Mais cela ne suffit pas toujours. “Certains enfants se concentrent mieux en mouvement. Ce qui peut paraître paradoxal, mais le fait de changer de position du corps peut avoir aussi des vertus calmantes.” Pour Caroline Jambon, il s’agit là d’un mécanisme de régulation naturel, qu’il serait contre-productif de réprimer.
Transformer l’obligation en plaisir : mission impossible ? Pas selon Caroline Jambon. Les devoirs peuvent devenir un moment agréable, où l’on parle de ce qui se passe à l’école, de ce qui se passe pour l’enfant.” Elle évoque même des souvenirs personnels avec sa fille : “On écrivait sur les vitres avec des feutres Posca… ou à la craie par terre, dans le jardin.” Une manière de désacraliser l’exercice tout en renforçant les liens familiaux. Autre levier puissant : les pauses. “On part pour 20 minutes, puis on fait une pause de cinq à sept minutes. C’est aussi important que les devoirs eux-mêmes.”
Mémoriser une poésie autrement
La récitation de poésies peut également devenir un exercice à la fois stimulant et créatif. « Ce qui peut être vraiment utile et efficace, c’est de passer par ce qu’on appelle la visualisation mentale », explique Caroline Jambon. L’enfant est alors invité à transformer chaque vers en images mentales personnelles, à se créer un « film mental » qui soutiendra sa mémoire. Cette méthode peut être enrichie par des associations gestuelles. Ainsi, un mot comme « il pleut » pourra être accompagné d’un geste mimant la pluie avec les doigts.
Cette double association, visuelle et kinesthésique, ancre davantage le texte. Imaginer qu’il récite devant la classe en posant des doudous ou figurines pour figurer les élèves, permet également à l’enfant d’anticiper la situation réelle. Enfin, la mise en couleur des rimes ou l’exploitation de repères auditifs sont autant de leviers à la disposition des parents.
La gestion des émotions durant les devoirs
Quand l’échec déclenche colère ou pleurs chez l’enfant, la tentation de minimiser est grande. Mauvaise idée, selon Caroline Jambon : “Dire ‘Ce n’est pas grave’, c’est prendre le risque de le contrarier encore plus.” Mieux vaut nommer ce que vit l’enfant : “Ah, c’est vraiment énervant quand ça ne se passe pas comme tu veux.” Cette posture empathique permet de désamorcer les conflits. Dans certains cas, un jeu peut aider à renouer le contact. “Faire un concours de grimaces et le laisser gagner redonne du pouvoir à l’enfant, confie-t-elle. Il se sent à nouveau capable d’affronter le défi.”

Enfin, Caroline Jambon insiste sur l’importance de ne pas rester seul face aux difficultés : “Si les devoirs dégradent la qualité de vie familiale, il ne faut pas hésiter à prendre rendez-vous avec l’enseignant. Il n’est pas un adversaire, mais un allié.”
L’invitée.
Accompagnante d’élèves en situation de handicap, ex-professeure des écoles et enseignante à domicile auprès d’enfants déscolarisés pour les aider à raccrocher avec le système scolaire, Caroline Jambona créé les blogs apprendreaeduquer.fr et apprendre-reviser-memoriser.fr pour partager des informations autour des compétences émotionnelles, de la psychologie de l’enfant et de la pédagogie.
Elle a également écrit “100 idées pour mieux gérer les devoirs”, paru aux éditions Tom Pousse.