Depuis juin 2025, la région de Flers Agglo (Orne) teste une idée radicale : permettre à chacun d’accéder à une alimentation saine, équilibrée et locale grâce à une caisse alimentaire commune. L’initiative s’inspire de l’idée d’une Sécurité sociale de l’alimentation, souvent débattue, rarement mise en pratique. Jusqu’à aujourd’hui.
Une allocation alimentaire de 100€ par mois pour mieux manger local
Concrètement, chaque bénéficiaire cotise selon ses moyens (minimum 20€/mois) pour avoir accès à un porte-monnaie numérique de 100€ par mois. Celui-ci est utilisable uniquement dans un réseau de producteurs locaux et de commerces partenaires, comme le supermarché collaboratif La Cagette à Flers.
L’objectif est clair : réorienter les achats vers des produits plus durables, moins transformés, issus du territoire. Le tout en responsabilisant les citoyens via un système de cotisations solidaires.
Le revers de la médaille : café, chocolat et tofu exclus du dispositif
Mais tout ne passe pas. Pour que le dispositif favorise une alimentation de proximité, la liste des produits éligibles est strictement encadrée. Sont autorisés : fruits et légumes locaux et de saison, produits laitiers et viandes locales, oeufs, pain artisanal, légumineuses, céréales locales, tisanes, huiles, vinaigre, sauces régionales, conserves maison.
En revanche, les produits jugés non essentiels ou trop lointains sont exclus : café, chocolat, thé, plats préparés, aliments surgelés, alcool, mais aussi tofu et steak végétal non local.
Un choix qui soulève déjà des critiques. Certains participants regrettent de ne pas pouvoir accéder à des produits du quotidien. D’autres saluent au contraire une vraie tentative de changer les habitudes de consommation, dans une logique de transition alimentaire.
Une première en Normandie, un modèle pour la France ?
Le projet, financé par l’État (via le programme Mieux manger pour tous), par Flers Agglo et les cotisations des habitants, court jusqu’à décembre 2026. Un comité citoyen a déjà été créé pour ajuster le dispositif et en suivre les effets.
Flers pourrait ainsi devenir un territoire pilote d’une alimentation plus solidaire, plus locale, plus durable. Mais une question demeure : sommes-nous prêts à mieux manger… en renonçant au café du matin ?