Il y a quelques années, Philippe a créé une agence d’aide à domicile dans le quartier de La Croix Rousse à Lyon. Cette expérience lui a fait prendre conscience de tous les enjeux liés au vieillissement. L’isolement grandissant chez les personnes âgées est en effet une problématique réelle dans nos sociétés. Ce phénomène peut d’ailleurs entraîner des répercussions irréversibles sur l’état de santé des seniors. C’est pourquoi Philippe a imaginé les Cafés Chez Daddy pour créer des secondes familles de proximité.
Ces lieux ont été pensés à l’image de toutes les générations. Les activités gérées par les adhérents, les grandes tablées ou encore la décoration chaleureuse assurent des rencontres inoubliables. Des tisseurs de liens favorisent également ces rencontres en intégrant des personnes venues seules.


Aujourd’hui, à Lyon, il existe deux cafés intergénérationnels Chez Daddy. Que ce soit celui à La Croix Rousse ou le petit nouveau dans le quartier de Perrache, ces lieux sont idéalement situés. Par exemple, au rez-de-chaussée de Chez Daddy Croix Rousse se situe un habitat inclusif. Non loin se trouvent aussi un lycée et une crèche.
Pour Philippe, cette localisation permet d’ouvrir les lieux de vie des seniors et ainsi soutenir la mixité. Les personnes isolées se retrouvent régulièrement Chez Daddy et partagent des moments en commun. Grâce aux cyclopousses, ces cafés restent d’ailleurs accessibles à tous. Philippe veut ainsi créer une vraie communauté d’entraide où chacun peut compter sur l’aide de son voisin.
Au quotidien, il nous arrive toutes et tous d’avoir besoin d’un petit coup de main. Pour déplacer un meuble par exemple, faire ses courses quand on est malade… Il est souvent difficile, notamment dans les grandes villes, de trouver quelqu’un pour se faire aider. Et donc de créer le fameux lien social.
C’est pour répondre à cette problématique que l’Heure Civique a été créée. Ce dispositif, né dans le 17e arrondissement de Paris, est avant tout une plateforme solidaire. Si on s’inscrit en ligne, le but est de donner son temps sur le terrain, au contact des autres.
L’idée de l’Heure Civique a germé dans la tête de deux hommes en 2020, en pleine pandémie de Covid-19. Le maire du 17e arrondissement de Paris Geoffroy Boulard et son adjoint Atanase Périfan cherchent à ce moment-là une idée pour aider les personnes isolées dans leur arrondissement. De là est né le dispositif solidaire.
L’idée est simple : il faut renforcer les solidarités de voisinage en complémentarité des solidarités familiales et institutionnelles. L’Heure Civique, jusqu’alors testée dans le 17e arrondissement, se répand rapidement en France. Aujourd’hui, plus d’une centaine de communes sont ainsi devenues partenaires. Une dizaine de départements l’ont également mise en place sur leur territoire.
Pour aller plus loin > L’Heure Civique : une heure par mois pour aider ses voisins
“Avec ma famille, nous avons lancé un projet d’habitat partagé pour huit personnes âgées. C’est une grande maison, où il y aura huit chambres, avec une salle de bains individuelle. Toutes les autres pièces, comme le salon ou la cuisine, sont en commun”, relate la dynamique Brigitte Geslin.
Cette propriétaire d’un ancien corps de ferme a eu pour projet de réhabiliter l’ancienne grange du domaine, qui est actuellement vide, pour en faire une colocation chaleureuse. “L’objectif est de conserver l’autonomie de ces personnes âgées et de briser leur solitude. Car dans un couple, lorsqu’une personne décède, c’est une descente aux enfers. Nous souhaitons que nos futurs locataires rentrent le plus tard possible en maison de retraite. Cette grange sera un véritable lieu de vie.”
Brigitte Geslin a eu l’idée de créer cet habitat partagé suite au visionnage d’un reportage sur ce sujet. “Découvrir cet habitat partagé dans le sud de la France a été un véritable déclic pour moi. Je ne me suis pas occupée de mes grands-mères, car elles ont vécu très longtemps dans leur appartement. Mais depuis 2020, je travaille en tant que vacataire à la maison de retraite, et j’ai pris conscience que les personnes âgées m’apportent beaucoup de bonheur”, confie Brigitte Geslin.
Le logement fera donc partie intégrante de la maison de Brigitte. “Les habitants pourront, s’ils le souhaitent, participer à la préparation des repas, à différentes activités… Parce que oui, les repas seront faits maison !”
Brigitte et sa famille ont lancé une cagnotte en ligne pour acheter des véhicules adaptés.
« Bien vieillir ». C’est autour de cette expression qu’est organisée, du 2 au 8 octobre, la Semaine bleue. L’Asept Gironde (l’Association santé éducation et prévention des territoires) organise plus de 200 événements à cette occasion. Elles s’adressent aux plus de 55 ans.
« L’objectif durant cette semaine est de valoriser la place des aînés dans la vie sociale, de les replacer au centre de la société. Le slogan : c’est 365 jours pour agir, 7 jours pour le dire, explique Adeline Thorel, responsable de l’Asept Gironde. C’est pourquoi notre mission à l’Asept est de déployer des ateliers de prévention santé, des conférences, des escape game, des spectacles qui ont un impact sur la qualité de vie. On aborde alors des sujets autour de la maison, l’équilibre, la mémoire, le stress, la nutrition, etc. »
Les caisses de retraite financent la programmation. Les participants peuvent suivre gratuitement les ateliers en présentiel ou à distance. Ils sont animés par un réseau de 80 animateurs formés par l’Asept, mais salariés de structures locales. Les échanges se font par petits groupes de 12 personnes. Aussi, il peut y avoir des intervenants externes partenaires, tels que Catherine Busquet.
Docteure en pharmacie et consultante en prévention consultante, lors de ses conférences, elle insiste auprès des seniors sur le fait qu’il faille “entretenir au quotidien son corps, sa tête, faire attention à son alimentation, à son hydratation et surtout à son sommeil. On sait qu’une hygiène de vie a une grande influence sur la santé et le bien vieillir. J’insiste sur le fait que le bien vieillir, ça se construit chaque jour. Il faut mettre en place des actions pour entretien sa santé”.
Mais pourquoi est-il important d’apporter des conseils pour mieux appréhender cette nouvelle étape de vie ? « Quand on arrive à la retraite, on n’a plus ce cadre de vie créé par le travail. Et souvent, cette rupture va faire que la personne ressent un mal-être. Elle est moins en contact avec des personnes. J’entends fréquemment : je ne me sens plus utile. L’idée est alors d’expliquer à ces personnes qu’il est important de maintenir ce lien social », répond la spécialiste.
Le message véhiculé tout au long de cette Semaine bleue consiste surtout à rappeler que la vie ne s’arrête pas une fois senior et qu’il faut prendre soin de soi pour « bien vieillir ». « On peut compter sur les progrès de la médecine, mais on peut aussi se demander ce que l’on fait soi-même pour sa propre santé, explique la responsable de l’Asept Gironde. Vieillir, c’est s’adapter à son environnement, à ses capacités, aux autres. Notre meilleur médicament, c’est le comportement que nous allons avoir vis-à-vis de nous-même, il faut développer une auto-bienveillance, il est important de s’occuper de soi. »
Selon la direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (DARES) la France comptait 9,3 millions d’aidants en 2021. 8,8 millions d’adultes et 500 000 de mineurs âgés de 5 ans ou plus. Ces personnes ont déclaré apporter une aide régulière à un proche en situation de handicap ou de perte d’autonomie précise la DARES. En 2022, on estimait ce chiffre à environ 15 millions. Soit un Français sur cinq. Et les chiffres devraient continuer à progresser dans les années à venir.
Majoritairement, ces aidants sont des femmes âgées de moins de 65 ans, actives. Dans 86% des cas, la personne soutient un membre de sa famille, principalement ses parents. Par ailleurs, 47% des aidants n’ont pas conscience de leur rôle. En France, une journée nationale leur est dédiée, le 6 octobre.
Être un aidant en France est encore souvent très flou. Pourtant, le gouvernement tente de cadrer ce nouveau rôle. En 2015, la loi d’adaptation de la société au vieillissement a été adoptée. Le texte donne alors une définition dans la loi du mot aidant. Et surtout, il reconnaît des droits aux proches des aidants, comme le droit au répit ou encore le congé de proche aidant. Pourtant, dans les faits, ces derniers n’ont pas forcément conscience de leur rôle. Ils sont également souvent isolés, coupés des autres et de toute vie sociale.
Pour tenter justement d’inverser la tendance trois amis ont lancé Elpyoo. L’application a pour objectif de recréer du lien social et de rompre l’isolement des aidants, explique Marc Hippert, son cofondateur.
Pour aller plus loin > Portrait : Thomas Stern, mari et aidant de Catherine Laborde
Depuis quelques années, le projet d’une Maison de la Diversité se concrétise à Lyon. Cette dernière ouvrira ainsi fin 2024 pour le plus grand bonheur de Stéphane Sauvé, président de l’association Les Audacieux et Les Audacieuses.

L’association porte le projet de cette Maison de la Diversité et tente de la faire évoluer au fil des ans. Stéphane a d’ailleurs imaginé ce lieu de vie en s’appuyant sur son expérience. Ancien directeur d’EHPAD, il a pris conscience de l’isolement et des discriminations visant les seniors LGBTQI+. Ceux-ci ne se sentaient pas en sécurité et ne s’autorisaient pas à être eux-mêmes. Il a ainsi développé le projet d’un habitat participatif et collectif.
L’association a soutenu le projet et a organisé des ateliers de créations entre seniors concernés. Lors de ces rassemblements, les participants ont coconstruit leur Maison de la Diversité selon leurs attentes et leurs problématiques.
Pour Stéphane, dans ce lieu inclusif, le sujet de l’orientation sexuelle ne sera plus un problème. Les prochains habitants se sont mutuellement choisis et ont envie de vivre en collectivité. Ils sont ainsi prêts à s’engager sur un projet de vie social tout en donnant du temps pour le collectif.

Pour répondre à la perte d’autonomie, Stéphane compte sur la solidarité entre voisins. La Maison de la Diversité luttera contre l’isolement des séniors LGBTQI+ et de nombreuses animations leur seront proposées. Des binômes avec des rôles précis veilleront à la bonne gestion de l’habitat. Ce modèle sera ensuite dupliqué partout en France et chaque maison aura son ADN et ses caractéristiques propres. Selon Stéphane, ces maisons évolueront en fonction des envies et des usages des habitants.
Une douche, un canapé lit, une table de chevet. Ce sont les équipements que Pierre Arnaud, directeur de Naoki, a installés dans ses bureaux. Le directeur a choisi de consacrer une pièce entière de son entreprise à l’accueil d’un “invité”. C’est ainsi que sont appelées les personnes en situation de précarité qui bénéficient de l’aide des Bureaux du cœur.
“Plus de 300 000 personnes sont sans logement en France. Les bureaux des entreprises sont en moyenne occupés 30% du temps : ils sont libres la nuit et le week-end. On a donc essayé de trouver une solution à partir de ce constat tout simple”, précise le directeur. Créée en 2021, l’association Les Bureaux du cœur est présente dans une vingtaine de villes en France. Pierre Arnaud a ouvert une délégation à Besançon, début 2023.
“Au sein de Naoki, nous proposons deux places aux invités : une dans notre agence et l’autre au sein de notre siège. L’espace d’accueil peut être totalement variable selon les entreprises. Ici, nous mettons à disposition une pièce fermée, mais un canapé convertible dans un open space peut être suffisant”, relève le directeur. L’entreprise doit également disposer d’un point d’eau, pour que les “invités” puissent faire leur toilette, et d’un coin cuisine. “C’est une solution transitoire, pour des personnes qui sont dans un parcours de réinsertion. On souhaite leur donner toutes les chances de retrouver un emploi.”
Naoki accueille actuellement son tout premier “invité”. Il possède les clefs de l’entreprise, qu’il rejoint le soir, après sa formation. Son évolution est suivie de près par des associations spécialisées dans la réinsertion. “Je pense que, si dans la société, il y avait plus de solidarité et de confiance, les choses iraient sans doute mieux”, conclut Pierre Arnaud.
C’est la première étude sur le sujet. Le tiers-lieu Bobos à la Ferme, la start-up HEROIC santé, d’autres partenaires ont interrogé près de 1747 familles dont l’un des enfants est dépendant.
C’est une notion importante qu’il est parfois difficile d’admettre. Louis Dransart est le cofondateur des Bobos à la ferme, père d’Andréa, atteinte de polyhandicap. « On est parents, on a des fonctions parentales classiques, mais on est aussi aidants, avec des fonctions supplémentaires. Par exemple, ma fille a 8 ans, je dois lui préparer ses médicaments, je lui change ses couches, je l’aspire lorsqu’elle est encombrée… Tout cela ne relève pas d’une parentalité classique. » Une situation à conscientiser pour pouvoir s’octroyer du répit. « Quand on est parent, on culpabilise de s’autoriser des moments pour soi. Pourtant, c’est un devoir en tant qu’aidant de ne pas s’oublier », poursuit Louis.
Pour que cela s’améliore, Louis Dransart a cofondé les Bobos à la ferme, pour offrir du répit aux aidants. « Je parle pour ces parents débranchés de tout : vous n’êtes pas seuls, oui c’est la galère, on a perdu beaucoup de combats, mais il en reste. Ce qui me porte et qui me donne de l’espoir, c’est cette énergie insoupçonnée que je vois quand je rencontre d’autres parents aidants », estime Louis.
Forts de leurs compétences acquises, Louis constate une génération de parents qui se met en avant, qui créent des associations, qui sensibilisent au vivre ensemble. Dans le sport, le témoignage, l’accompagnement, les initiatives sont de plus en plus nombreuses et n’ont pas attendu que la législation change pour bouger les lignes. Pourtant, il serait temps, selon Louis, d’aboutir « à une grande loi sur cette communauté de parents qui souffrent mais qui a envie de reprendre la main ».
– 98% des parents concernés ont le sentiment de vivre une parentalité différente des autres.
– Près de 50% indiquent avoir perdu leur travail en devenant aidant, l’arrivée d’un enfant en situation de handicap ou malade ayant généré pour 77% d’entre eux une diminution des revenus.
– 92% des parents aidants se déclarent épuisés et 85% isolés.
– 98% souhaitent la création d’un service spécifiquement dédié à leurs difficultés de parents aidants.
– Pour faire face à ces difficultés, plus de 60% des sondés affirment avoir développé des compétences nouvelles qui pourraient intéresser les entreprises, comme la gestion des priorités, l’organisation ou encore la capacité d’écoute.
– 30% expriment une situation de détresse absolue.
Cette étude a été établie avec le soutien des activités sociales des institutions de retraite complémentaire et de prévoyance d’AG2R LA MONDIALE, AG2R Agirc-Arrco et AG2R Prévoyance.
À Lyon, de nombreux étudiants ou de jeunes travailleurs ont des difficultés à trouver un logement correct. L’association Le Pari Solidaire Lyon, créée en 2005, permet à ces jeunes de cohabiter avec des personnes de plus de 60 ans ou en situation de handicap. Avec ces cohabitations intergénérationnelles, l’association espère lutter contre l’isolement et la solitude des personnes fragilisées.
Marie Gourion est codirectrice du Pari Solidaire Lyon et chargée de projets, partenariats et développement. Selon elle, ces cohabitations permettent également aux jeunes de se loger dans de bonnes conditions. Elle explique que chaque binôme est pensé en amont par l’association. Cette dernière s’appuie pour ce faire sur les besoins de l’accueillant et sur les motivations du jeune à la recherche d’un logement.

Avant d’emménager ensemble, les binômes mettent en place des règles de vie afin d’assurer un véritable équilibre au sein du logement. Chacun doit avoir l’envie d’aller à la rencontre de l’autre et de partager des moments bienveillants et stimulants. Si la personne est en situation de handicap, le jeune ne doit pas assurer les soins quotidiens mais apporter une présence attentive. Le savoir-être et les qualités humaines sont aussi attendus au sein du binôme.
Marie met par ailleurs en avant la solidarité et le partage au cœur des foyers. Tout au long de l’expérience, l’association encadre et rencontre régulièrement les personnes concernées. Le Pari Solidaire Lyon organise aussi des évènements solidaires et intergénérationnels pour favoriser la création de liens entre l’accueillant et le jeune.

Mylène Pickaerts est une femme dont la positive attitude semble contagieuse. Pour marquer son entrée dans la quarantaine, en janvier 2022, elle a publié sa première bande dessinée, une autobiographie tout en couleurs et pleine d’humour.
Pour comprendre son histoire, il faut remonter en 2014. Mylène part alors faire les courses. Et, en levant son bras gauche, se retrouve saisie d’une douleur presque électrique. Victime d’un AVM (arrêt vasculaire médullaire), elle se retrouve du jour au lendemain tétraplégique incomplète. À partir de ce jour-là, elle ne pourra bouger que le haut de son corps, se retrouve en fauteuil roulant. Une nouvelle vie qui commence avec de nouvelles habitudes à prendre, de nombreuses choses à ajuster et un entourage qui change.

« Ça ne m’a pas arrêtée du tout. J’ai voulu me raconter et montrer qu’on pouvait faire plein de choses malgré un handicap », explique-t-elle. Des voyages à la montagne, à la plage, aux plongeons dans la piscine jusqu’à la façon dont elle cuisine, Mylène raconte tout et surtout comment tout cela a été possible. « J’ai voulu parler de moments parfois difficiles mais avec humour », poursuit-elle. Et la plus belle aventure, selon elle, c’est d’ailleurs cette bande dessinée, “Mimi et ses roulettes”.
Si Mylène à tout adapté, sa devise n’a pas échappé à la règle : quand on veut, on essaie ! “Quand on veut, on peut, ce n’est pas vrai. Je veux marcher, je ne peux pas. Donc quand je veux, j’essaie, et si je n’y arrive pas, au pire, je prends un autre chemin, mais j’aurais essayé”, confie-t-elle.
Sa bande dessinée sobrement intitulée «Mimi et ses roulettes », dessinée par Stephane Fautous et mise en couleurs par Véronique Bernhard, est publiée en autoédition grâce à un don financier de son ancien employeur, les boulangeries Paul.
Si tout n’est pas un long fleuve tranquille, Mylène a choisi de ne pas s’arrêter là. Un discours inspirant pour les personnes en situation de handicap mais aussi celles qui y sont éloignées. Pour la commander, il faut envoyer un mail à jelismimietsesroulettes@gmail.com. La bande dessinée est au prix de 14 euros, hors frais de port.
Faire impact, qu’est-ce que cela veut dire ? “C’est prendre une problématique et essayer de la résoudre par l’entrepreneuriat”, répond Flavie Deprez. Elle est la cofondatrice et directrice générale de Carenews. Le média des acteurs de l’engagement a dressé, pour la troisième année consécutive, le TOP 50 de l’entrepreneuriat à impact.
Parmi les nombreux lauréats, des structures comme HelloAsso, Label Emmaüs, Enact’us, LemonTri ou encore Yuka. Nous avons pu interroger deux des organismes sélectionnés – Neosilver et Moulinot – pour explorer leur vision de l’impact et surtout comprendre ce qui se cache derrière ce mot.
S’il n’y a pas de cadre juridique ou de définition légale de l’impact, des labels comme BCorp ou Entreprises à mission peuvent entrer en jeu. Mais ils ne sont pas suffisants. « Pour le classement, on a donc fait émerger plusieurs critères statistiques », précise Flavie Deprez.
D’abord, les structures doivent proposer une solution à une problématique. Ensuite, leurs résultats doivent répondre à certaines exigences. « La robustesse de l’organisation, les pratiques responsables, l’engagement, l’aspect solution et l’impact global sur la société et la planète », explique-t-elle.
« Que nous apprennent les 52 000 données collectées au cours des éditions ? Que l’impact prend une place croissante dans l’économie », peut-on lire dans le dossier de Carenews. « Ce classement n’est pas établi sur des mots, des engagements ou des pitchs. Mais sur des résultats scientifiques, sur des questionnaires d’auto-évaluation, sur des chiffres », précise Flavie Deprez.
Dans le cas de Neosilver, par exemple, les résultats sont facilement mesurables. « Nous avons étudié en amont les besoins des seniors, constaté les situations de mort sociale dans laquelle sont certains d’entre eux. Nous avons ensuite imaginé des ateliers, en établissement et hors établissement et nous évaluons ensuite, va des questionnaires, la satisfaction des usagers », explique Jean Hennequin.
Du côté de Moulinot, structure portée par l’ancien chef Stéphan Martinez, l’impact se mesure en tonnes de restes alimentaires récoltés. « On accompagne tous les métiers de bouche pour former le personnel. Leur montrer que les restes alimentaires sont une matière première et non un déchet. On la transforme aussi en énergie pour le monde agricole. Et tout ceci participe à la création d’emplois, explique-t-il. On a un impact sur l’environnement, sur le social aussi. »
En 2024, Moulinot aura 10 ans. Et la structure, qui comptera bientôt quelque 150 collaborateurs, est en avance sur son temps. Elle est parvenue à créer une véritable filière de collecte des déchets alimentaires et de valorisation. Et ce, alors que, dès l’an prochain, toutes les communes de France auront pour obligation de mettre en œuvre la collecte du compost chez les particuliers.
« On met en valeur de structures natives de l’impact. Avec le TOP 50, on montre surtout qu’elles sont crédibles, qu’il ne s’agit pas de projets utopistes et qu’elles ont vraiment un impact sur la société, l’environnement ou les deux », ajoute Flavie Deprez de Carenews.
Depuis 2006, la ville de Villeurbanne, à côté de Lyon, a mis en place un service d’appel régulier. Assuré par le CCAS (Centre communal d’action sociale) de la ville, le service Solidar’été s’adresse aux seniors et aux personnes en situation de handicap.
Du 1ᵉʳ juin au 15 septembre, une personne s’occupe d’appeler régulièrement ces personnes fragilisées pour prendre de leurs nouvelles. Laëtitia Denis est responsable du service usagers à la direction senior. Elle rappelle que ce public est particulièrement vulnérable aux fortes chaleurs et est la plupart du temps isolé durant l’été. Ces personnes sont souvent isolées l’été puisqu’elles ne peuvent pas partir en vacances avec leur famille.
Les personnes inscrites reçoivent alors au moins un appel par semaine de plusieurs minutes. Lors de cet appel, l’interlocuteur rappelle ainsi les gestes de prévention pour éviter la déshydratation et n’hésite pas à faire le lien avec d’autres services plus adaptés.
Pour Laëtitia, une vraie relation se crée entre la personne qui donne les appels et celle au bout du fil. Chaque appel est personnalisé et apporte beaucoup de réconfort. Ce public fragilisé peut aussi profiter du portage de repas à domicile. Pensés par une diététicienne, ces repas quotidiens assurent également une veille sociale de la part du porteur de repas.
En France, près d’une personne sur cinq est ou sera en situation de handicap au cours de sa vie. L’une des problématiques majeures rencontrées par ces personnes est la difficulté liée aux déplacements.
“On a beaucoup de mal à savoir si un lieu est accessible. Pour aller au restaurant, on doit parfois appeler une personne à l’accueil, qui elle-même ne détient pas cette information. C’est toujours une source de stress : si on ne prépare pas notre venue, on peut rester coincé en bas de l’établissement. Ou alors, certains hôtels sont accessibles au niveau de l’entrée par exemple, mais rien n’est adapté à l’intérieur des chambres”, détaille Antoine, qui se déplace en fauteuil roulant.
Pour améliorer le quotidien des personnes en fauteuil roulant, l’État a lancé la plateforme collaborative Accès Libre. Ce site compile un maximum d’informations sur l’accessibilité des lieux ouverts au public au niveau national. “Des particuliers, des entreprises et des personnes en situation de handicap peuvent détailler si l’endroit est accessible ou non. Cela concerne les dimensions des portes d’entrée, par exemple, la qualité du chemin pour s’y rendre, ou si ce chemin est pourvu de bandes de guidage au sol pour les personnes malvoyantes par exemple”, détaille Antoine.
Existe-t-il toutefois des établissements “bons élèves” en matière d’accessibilité ? “Tous les bâtiments publics font l’effort. Mais chaque ville a sa propre politique. Généralement, elles se contentent du minimum, alors qu’il existe une diversité de handicaps auxquels il faut s’adapter”.
L’association Entourage œuvre pour l’inclusion sociale des personnes en grande précarité et en situation d’isolement. Pour créer un réseau de solidarité et de proximité, l’association s’appuie sur une application ainsi que sur le programme Linkedout qui favorise l’insertion professionnelle des personnes isolées.
De nombreux événements sont aussi organisés à travers la France pour favoriser la convivialité. À Lyon, le festival Simple Comme Bonjour veut ainsi mettre à l’honneur la lutte contre l’exclusion sociale des personnes en situation de grande précarité. Ce festival prendra place le samedi 8 juillet dans le tiers-lieu alimentaire L’Archipel à Villeurbanne, à côté de Lyon.
Marion Pasteur est chargée de partenariats associatifs et sportifs. Pour elle, le lien social est un besoin fondamental pour tous les individus.


À partir de 15 heures, le festival proposera un village associatif regroupant les associations qui luttent contre la précarité. Le PHARE du Foyer Notre Dame des Sans-abris délocalisera son accueil du jour le temps d’une après-midi. L’association Nour animera aussi des cours de yoga accessibles à tous.

Que ce soit les familles, les voisins ou encore les personnes isolées, chacun peut ainsi profiter de ce festival pour découvrir les associations et créer des liens durables. Marion aimerait prouver qu’un simple bonjour suffit à égayer la vie des personnes.
Cet événement favorisera la création d’un réseau de solidarité et de proximité et aura toute une mission de sensibilisation. Marion espère aussi renforcer la coopération du tissu associatif lyonnais qui accompagne les personnes en grande précarité. Le soir, le festival se terminera sur la grande soirée des Talents de la Rue. Chacun et chacune pourront partager leur talent sur scène et conclure ce festival sur une note festive.
Catherine Laborde, présentatrice météo vedette de TF1, est décédée à 73 ans, a-t-on appris ce mardi 28 janvier. Nous avions rencontré Thomas Stern, son mari, en juin 2023. L’occasion pour lui de se confier sur son rôle d’aidant.
En 2017, Catherine Laborde a annoncé sa retraite et fait ses adieux aux Français. Depuis, l’ex-présentatrice météo s’est retirée de la vie publique. Dans l’intimité, aux côtés de ses proches, elle se bat au quotidien contre une maladie neurodégénérative, la maladie à corps de Lewy. Une maladie encore peu connue du grand public, à mi-chemin entre Parkinson et Alzheimer, qui bouleverse son quotidien.
Pour l’épauler dans son combat contre la maladie, Catherine Laborde peut compter sur son mari Thomas Stern. Ce dernier est également devenu aidant familial. Une double fonction pas toujours facile à vivre explique-t-il. Ce rôle, il l’a subi au début. Mais il l’a ensuite choisi, précise-t-il. Un rôle souvent minoré, peu valorisé. “On nous considère souvent comme des personnes invisibles”, explique Thomas. Pourtant, en France, entre 8 et 11 millions de personnes sont présentes pour aider quotidiennement un proche en perte d’autonomie ou en situation de handicap.
Aider son propre parent lorsqu’il vieillit ou son conjoint quand il est malade. C’est le quotidien de 9,3 millions de personnes en France en 2021, selon un dossier de la Direction de la recherche des études de l’évaluation et des statistiques (DREES), publié en février 2023. Cette aide peut prendre la forme d’une aide aux activités de la vie quotidienne, d’un soutien moral ou encore d’un soutien financier. L’aide la plus fréquemment apportée est d’ailleurs le soutien moral. Viennent ensuite l’aide à vie quotidienne et l’aide financière.
Pour aller plus loin > Santé : il court pour sensibiliser à la maladie de Lewy
Chaque année en France, 2 millions de personnes âgées sont hospitalisées en urgence. Un passage qui, souvent, signe le début de la dépendance. Pourtant, cette situation pourrait être évitée, ou du moins retardée. En effet, la société Présage a développé pour ça une application qui sait prédire jusqu’à 7 jours de l’aggravation de l’état de santé des personnes âgées à domicile. Un moyen de retarder leur dépendance. Et de permettre ainsi aux personnes âgées de garder leur autonomie, leurs repères et surtout leur domicile.
Et ça marche ! Car dans les faits, l’application signale les risques d’hospitalisation pour plus de 80% des cas. C’est un moyen très simple de simplifier la prise en charge des patients, explique Jacques-Henri Veyron, président de Présage. Et surtout de retarder l’entrée en dépendance. Concrètement, en cas de risque d’hospitalisation dans les 7 à 14 jours, une alerte est émise. Elle est ensuite transmise à la famille et aux personnels de santé.
Pour le moment, 4 000 personnes sont inscrites sur Présage en France et 1 500 en Ile-de-France. Notez que Présage a récemment été primée et surtout présentée au dernier CES de Las Vegas aux États-Unis, la grand-messe de la technologie.
Pour aller plus loin > Santé : bien vieillir, c’est possible avec Présage
À L’Ehpad Georges Dumont, les après-midis ne sont plus les mêmes depuis qu’un bistrot a ouvert au sein de l’établissement. Laurent Douchin, cadre de santé en gériatrie, est à l’initiative de ce projet.
« Lorsque je suis arrivé sur mon poste de cadre supérieur dans les Ehpad du centre hospitalier d’Abbeville, j’ai eu envie de spécifier un peu plus précisément. C’est-à-dire qu’on est un EHPAD et qu’on est un lieu de vie. La priorité est d’héberger et de donner du sens à la vie que l’on mène en maison de retraite. Afin de garantir des lieux sociaux où l’on peut se rencontrer dans un établissement qui est très grand (300 lits, NDLR), j’ai eu l’idée de reconstituer une sorte de place de village et donc de créer un bistrot », explique Laurent Douchin
L’initiative a commencé en 2017 et le bistrot a ouvert fin mars 2023. Il s’agit d’un projet ambitieux qui a couté 110 000 euros.
« Le lien social, c’est souvent ce qui s’effrite quand on rentre en institution. On tenait absolument à le préserver. Ce qui soigne vraiment les résidents, c’est la gentillesse des gens qui les entourent. »
Le bistrot ne désemplit pas. Tout le monde en profite : les résidents, l’équipe de l’établissement mais aussi les familles. Il arrive souvent que les gens doivent attendre longtemps avant qu’une des 35 places du bistrot ne se libère. L’idée est tellement lumineuse que de nombreux EHPAD en France mais aussi à travers le monde ont déjà contacté Laurent afin de s’inspirer de son idée.
La population française est de plus en plus âgée. Selon l’Insee, un Français sur 10 a plus de 75 ans aujourd’hui. Une classe d’âge qui se trouve de plus en plus isolée. De l’autre côté, toujours selon l’Insee, les enfants âgés de moins de 3 ans représentent eux 4,4% de la population française. Des enfants qui restent le plus souvent avec leurs parents à la maison. Faute de place en crèche ou d’autre solution, un parent sur deux serait obligé d’opter pour une garde à domicile.
Pour tenter d’apporter une solution à ces deux problèmes, Tom et Josette a donc décidé d’installer des crèches dans les maisons de retraite. L’objectif ? Reconnecter les générations entre elles et, surtout, recréer du lien social entre enfants et personnes âgées. Le tout est porté par un projet pédagogique fondé sur le lien intergénérationnel.
De nombreuses activités sont réalisées en commun : jardinage, lecture, coloriage ou encore des ateliers pâtisserie par exemple. Dans une crèche intergénérationnelle, explique Anaïs Leroy « rockstar » chez Tom et Josette à Brest, toutes les activités sont motrices du lien social.
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C’est une petite révolution dans le domaine de la santé pour les seniors. Chaque année en France, 2 millions de personnes âgées sont hospitalisées en urgence. Un passage qui, souvent, signe le début de la dépendance. Pourtant, la situation pourrait être bien différente en utilisant l’application Présage. L’entreprise française propose en effet un dispositif médical innovant, qui sait prédire l’aggravation de santé des personnes âgées à domicile. Et donc de retarder ainsi leur dépendance.
Dans les faits, les risques d’hospitalisation ont pu être signalés dans 80% des cas, explique l’entreprise. Un moyen de simplifier la prise en charge des patients, précise Jacques-Henri Veyron, président de Présage. Et surtout de retarder l’entrée en dépendance des personnes âgées. En cas de risque d’hospitalisation dans les 7 à 14 jours, une alerte est émise. Elle est ensuite transmise à la famille et au personnel de santé.
Pour le moment, 4 000 personnes sont inscrites sur Présage en France et 1 500 en Ile-de-France. Présage a récemment été primée et surtout présentée au dernier CES de Las Vegas, aux États-Unis, la grand-messe de la technologie.
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L’association Le Pari Solidaire est née en 2005 à la suite d’un double constat. Aujourd’hui, en France, près de 900 000 personnes âgées souffrent d’isolement. De l’autre côté, les jeunes ne trouvent pas de logements dans des villes en tension comme Lyon. Le Pari Solidaire Lyon propose ainsi de créer des cohabitations entre ces deux publics afin de répondre à ces problématiques.

Chaque année, pour faciliter la rencontre et consolider les liens, l’association locale organise aussi à Lyon un grand événement intergénérationnel. Le Pari Foot prendra place sur le domaine de l’Ile Barbe, à Lyon, le mercredi 7 juin 2023. Ouverte à tous et gratuite, cette journée s’accompagnera de plusieurs activités. Après une visite du musée Jean Couty, partenaire de l’événement, les participants pourront s’affronter autour d’un tournoi de baby-foot. La journée se terminera par un spectacle d’improvisation et un repas partagé.

Pour Marie Gourion, codirectrice du Pari Solidaire Lyon et chargée de projets, partenariats et développement, le baby-foot s’adresse à tous. Les binômes seront composés d’un jeune et d’une personne senior ou en situation de handicap. Marie explique d’ailleurs qu’un des babyfoots sera accessible à ces personnes en situation de handicap. Durant cette journée, elle espère partager des moments de rire et de jeu. Pour elle, les jeunes apportent le vivant et la surprise aux seniors.
Chacun a envie d’être utile et de partager des moments conviviaux. Les personnes âgées peuvent ainsi faire part de leur capacité de recul aux plus jeunes. Avec ces cohabitations intergénérationnelles ou encore avec ces événements collectifs, Marie aimerait casser les stéréotypes liés aux deux âges. Pour elle, rencontrer quelqu’un permet déjà de faire tomber l’image projetée de soi.