Le roller derby, sport exigeant physiquement et salvateur moralement

Une bulle d’air pour être vraiment soi, une famille. Entrer dans le monde du roller derby, c’est ne plus jamais le quitter, pour ceux et celles qui ont essayé. Exemple à Mérignac, près de Bordeaux.

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Roller derby : des fresh et des pros

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Roller derby : sport nouveau venu en France

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Roller derby : pouvoir être soi

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Le roller derby est parfois encore trop méconnu. Jeune sport, s’il en est, il est remis au goût du jour à la toute fin des années 2000 à Austin, au Texas, et se répand comme une traînée de poudre partout dans le monde et en France, d’abord par le Sud-Ouest, raconte Beethell, joueur.euse, coach et référent.e au pôle arbitrage au SAM Roller derby de Mérignac, en périphérie bordelaise. Ici, on a décidé de s’entraîner en mixité, bien qu’historiquement ce soit un sport féminin+, c’est-à-dire qui accueille des femmes, mais aussi des personnes transgenres et non-binaires. Les hommes cisgenres (homme biologique qui s’identifie comme un homme et se sent à l’aise avec le sexe masculin attribué à la naissance) sont acceptés avec plaisir, mais leur entrée dans le collectif fait l’objet d’un vote. “On ne peut pas imposer un homme cis dans un environnement qui, à la base, est un sport en non-mixité. Si un nouveau devait être intégré, on devrait revoter”, précise Beethell, qui se dit fier.e de ce principe, qui a fait ses preuves, et d’un club dans lequel tout le monde évolue dans la bienveillance.

Au SAM roller derby de Mérignac, il existe aujourd’hui trois équipes (la loisir et la masculine ayant disparues pendant le Covid-19) : l’équipe A, qui évolue en championnat Élite – le plus haut niveau – et qui occupe fièrement la sixième place au classement français ; l’équipe B qui évolue en Nationale 2 et les Fresh, les débutant.e.s, qui peuvent éventuellement monter ensuite les échelons. Certain.e.s ne souhaitent pas faire de compétition et peuvent rester dans l’équipe intermédiaire. C’est selon les envies.

Au roller derby, les joueure.euse.s ont très souvent un pseudonyme, qui leur est attribué. “Ça devient notre nom dans 80% de notre vie, parce qu’on passe 80% de notre temps au roller derby.” Des noms plus ou moins effrayants pour faire peur sur la “track” (la piste) : Bloody Mary ou Beethell Juice. D’autres aussi moins impressionnants, mais tout aussi recherchés comme Plancton ou Galopin. Le numéro est aussi choisi. Celui-ci ne dépend pas du poste dans l’équipe, mais de sa disponibilité.

Passons maintenant au cœur du sujet : les règles du jeu. Aux dires des joueur.euse.s, c’est coton ! Des dizaines de pages de règlement très détaillé, mais que l’on peut à peu près commencer à entrevoir au bout de deux ou trois entraînements bien encadrés. C’est pour cela aussi que les formations arbitrales sont primordiales. “Parce que connaître les règles de base, c’est ce qui permet d’intégrer une équipe”, insiste Beethell. 

Concrètement, on compte 15 personnes sur un “roster” de match, sur le terrain, mais seulement cinq sur la “track”, la piste. Quatre vont tenter de bloquer la personne qui porte une étoile sur son casque, c’est la personne qui “jam” et la seule capable de marquer des points. Le roller derby se joue sur une piste ovale d’environ 2 mètres de largueur, dans le sens anti-horaire. La personne qui “jam” va essayer de passer les bloqueur.euse.s et donc marquer un point à chaque fois que ses hanches dépassent les hanches de la personne adverse. À cela, s’ajoutent des dizaines de règles.

Un sport “safe”

Mais alors, qu’est-ce qui attire tant dans le roller derby ? “Généralement, la première chose est la communauté. On a énormément de personnes politisées au sein du roller derby, de personnes minorisées, racisées, trans, non binaires, gay, queer, c’est un espace “safe”, où on peut être libres et avoir une bulle au sein de notre propre vie. Ce n’est pas toujours facile d’évoluer dans la société en étant une personne minorisée”, explique Beethell. Mais c’est aussi très demandeur physiquement, extrêmement salvateur, lorsque l’on a passé une mauvaise semaine, poursuit-iel. “Ca fait du bien au moral et au corps, et, généralement, les gens qui viennent ne repartent pas.” 

Un sport historiquement féminin donc, créé par les joueur.euse.s pour les joueur.euse.s, et “quand c’est un sport qui a été construit par des minorités ou par des femmes, qui représentent elles-mêmes une minorité au sein de la société, forcément, il est plus accueillant et bienveillant”. Voilà sans doute l’un des secrets de l’attrait du roller derby, un sport où on peut être soi, porter des mini shorts et des bas résilles (aujourd’hui mis de côté pour éviter les blessures) et ne pas être sexualisé.e, mais aussi porter des leggings longs ou le voile, sans que cela ne pose jamais aucun problème ni se sentir jugé.e. “C’est un sport qui a ses propres problèmes, certes, mais qui ne reflète pas ceux de la société à l’heure actuelle. C’est super empouvoirant comme discipline”, se réjouit Beethell. Maintenant, à vous de tester ! 

Ce contenu audio a été diffusé le 12 décembre 2023 sur AirZen Radio. Maintenant disponible en podcast sur airzen.fr, notre application et toutes les plateformes de streaming.

Par Florence Jaillet

Journaliste

Agence de communication Perpignan