En 2024, l’apiculteur amateur de Manhay (Wallonie) avait capturé seulement 24 frelons asiatiques. En 2025, à la même période, ses pièges affichaient environ 3 000 capturés. Ce bond spectaculaire traduit une explosion de la population de l’insecte envahissant, signe d’un dérèglement profond.
Le printemps plus doux, la survie plus forte des reines, des cycles plus nombreux : tous les voyants sont au rouge.
Face à ses deux ruches, l’apiculteur a relevé jusqu’à 80 à 120 frelons interceptés par jour et par piège au pic d’activité. Cette hausse ne menace pas seulement la production de miel : elle met en péril la pollinisation, la biodiversité locale et la stabilité des chaînes alimentaires.
Pourquoi cette pression inédite sur les ruchers et ce que cela révèle pour l’ensemble de la nature
Le frelon asiatique est un prédateur redoutable des abeilles : un seul individu peut abattre plusieurs dizaines d’abeilles chaque jour. La conséquence : des ruches épuisées, vidées de leur potentiel. Mais l’impact dépasse l’apiculture. Il touche aussi les papillons nocturnes, les chauves‑souris insectivores et les oiseaux, qui se retrouvent sans proies suffisantes.
La multiplication des nids entraîne un effet domino : quand les insectes ailés disparaissent, les chaînes alimentaires se tendent.
L’invasion du frelon n’est donc pas un simple problème apicole : c’est un signal fort d’affaiblissement écologique. La Wallonie recense la présence de l’espèce sur son territoire et alerte sur ses conséquences. (observatoire.biodiversite.wallonie.be)
En résumé, ce cas wallon ne relève pas de l’anecdote. Il révèle un basculement écologique. L’apiculteur de Manhay est devenu un témoin alarmant : quand la capture passe de 24 à 3 000, ce n’est pas une anomalie, mais un avertissement. Il est temps de réagir.
Les limites de la lutte individuelle : pourquoi les pièges seuls ne suffisent plus
Installer quelques pièges autour des ruches reste indispensable. Mais cette action isolée atteint très vite ses limites : quand la densité de frelons monte fortement, il faut agir en collectif. Le repérage des nids, la coordination des communes, l’information publique : tout cela devient crucial.
En Wallonie déjà, les autorités recommandent de signaler les nids et de faire appel à des professionnels pour leur destruction. (butine.info)
Les apiculteurs ne peuvent pas tout : la prolifération massive nécessite une stratégie globale. Le passage brutal de 24 à 3 000 captures montre que la réaction communautaire doit précéder la crise massive, et non lui répondre après coup.
Comment agir concrètement dès maintenant pour contenir l’invasion et protéger les écosystèmes
La stratégie doit s’articuler autour d’un tronc commun d’actions. D’abord, renforcer le piégeage ciblé et continu autour des ruchers, surtout au printemps et à l’automne. Ensuite, organiser le repérage et la destruction rapide des nids, en lien avec les autorités locales et les experts de terrain.
Enfin, impliquer largement le public : apprendre à reconnaître l’espèce, à signaler les nids, à ne pas intervenir seul face à un danger croissant.
Chaque citoyen, chaque commune, chaque jardin compte. Le frelon asiatique ne respecte pas les frontières : il chasse, pond et colonise librement. Lorsque la cohabitation devient envahissante, les mesures individuelles ne suffisent plus : l’action collective devient vitale.
