Le collectif Einstein on the Beach, basé en Gironde, se fait connaître depuis 2009 sur la scène musicale expérimentale. Fondé sur une approche novatrice, ce collectif nomade se distingue par son intérêt pour l’exploration sonore et l’improvisation, offrant au public des expériences qui bousculent les conventions musicales traditionnelles. Son nom est inspiré de l’opéra éponyme de Philip Glass et Robert Wilson, écrit en 1976.
Le collectif artistique ne se contente pas de proposer des concerts traditionnels. Ses performances, organisées dans l’espace public, sont des expériences immersives où musique, art et témoignage se rencontrent. Les représentations du collectif vont au-delà du simple concert. Elles s’apparentent ainsi à des performances artistiques qui interrogent le rapport à l’espace, au son et à la communauté.
Yan Beigbeder, saxophoniste de formation classique et conseiller artistique du collectif, illustre cette approche. Après des années à jouer du saxophone de manière conventionnelle, il a ressenti le besoin de repousser les limites de son instrument. « Je me suis ennuyé de jouer du saxophone de manière traditionnelle. J’ai réalisé que cet instrument recelait une multitude de sons inexplorés. En le caressant, en le percutant, ou en y ajoutant des objets, je peux transformer cet instrument en une source infinie de nouvelles sonorités », explique-t-il.
Cette recherche de nouveauté se retrouve chez tous les membres du collectif, qui partagent une approche commune : détourner les pratiques traditionnelles de leurs instruments pour créer quelque chose d’inédit. Juliette Minvielle, chanteuse et pianiste de 35 ans, est l’une des artistes associées à Einstein on the Beach. Elle explore différentes langues comme l’occitan, le gascon et l’arabe. Elle revisite contes, histoires et poèmes, les adaptant en musique selon son inspiration.
« Nos pratiques sont souvent liées à l’improvisation. En tant qu’artistes, nous ne savons pas ce que nous allons jouer avant de commencer », explique Yan Beigbeder. Cette spontanéité est au cœur de l’identité d’Einstein on the Beach, où chaque performance est une aventure sonore imprévisible.
Le collectif ne s’arrête pas là. Lors de certaines performances, des textes appartenant à des personnes rencontrées dans les quartiers où ils se produisent sont intégrés, donnant ainsi une voix à des témoignages de vie. « Fermez les yeux et laissez-vous emporter par les sonorités. L’écoute est primordiale pour s’immerger dans notre univers musical », conseille-t-il.
Le collectif invite ainsi le public à écouter autrement le monde, à se laisser surprendre par des sonorités inhabituelles. Les prochaines dates de ses performances en Gironde sont prévues en septembre, octobre et novembre.
Le corps, une enveloppe charnelle qui nous porte, nous protège, avec laquelle on peut être dur, dont on peut avoir une mauvaise perception, qui peut aussi avoir été meurtri. Comment faire pour se le réapproprier, l’aimer, se réconcilier avec ?
En Gironde, Marine Tessier, artiste plasticienne, a axé sa pratique autour du moulage du corps. À travers sa démarche, il est surtout question de travail du corps et de rapport à soi. Au fil des années, elle a peaufiné une méthode qu’elle a brevetée pour « momifier les vivants », comme elle le dit. Il s’agit d’une expérience sensorielle, ritualisée, au cours de laquelle une personne est plâtrée de la tête au pied ou une zone, telle que les parties intimes.
L’idée est de proposer un moment pour honorer son corps. Différents publics ont pu expérimenter la momification des vivants comme des victimes d’agressions sexuelles et/ou de viol. Comment se déroule une séance de momification des vivants ? Quels sont les bénéfices ? Quelles sont les personnes qui tentent l’expérience ? Marine Tessier nous raconte.
C’est un sujet de plus en plus évoqué dans l’espace public et médiatique : l’intelligence artificielle. Très présente dans nos vies, elle fascine, effraye, interroge à la fois. Cette thématique fait justement partie des sujets d’études de Christian Germain. Professeur d’informatique à Bordeaux Sciences Agro, il est aussi chercheur en visio artificielle, c’est-à-dire en analyse d’images pour l’agriculture et la viticulture. Le spécialiste fait également partie du DigiLab, un laboratoire d’expérimentation de Bordeaux Sciences Agro. La structure s’intéresse à la façon dont les technologies numériques peuvent apporter des solutions à la filière viticole.

En effet, l’intelligence artificielle creuse peu à peu son sillon dans ce domaine qui voit un nombre croissant d’innovations germer pour soutenir le travail dans les vignes. C’est d’ailleurs la volonté de VitiVisio, jeune entreprise bordelaise. Celle-ci s’est donnée pour mission d’accompagner les vignerons dans la transition agroécologique, d’optimiser leurs récoltes tout en réduisant l’utilisation de produits phytosanitaires. D’autres entreprises sont dans cette même dynamique avec l’IA. Elles se rassemblent d’ailleurs notamment au salon girondin Vi-Tic, dédié à l’innovation numérique et robotique au service de la filière viti-vinicole.
Quel est l’intérêt accordé par les vignerons et viticulteurs à l’intelligence artificielle ? Comment évolue-t-elle dans ce secteur ? En quoi peut-elle être bénéfique ? Et quelles sont ses limites ?
Il y a 20 ans, l’association du Garage Moderne naissait. Son ambition première était de créer un lieu pratique mêlant l’amour de la mécanique, l’art et la culture. Deux décennies plus tard, l’objectif est toujours le même, avec tout de même une plus-value : la solidarité.
Depuis 2020, une cantine produit pour l’aide alimentaire. Ainsi, du lundi au vendredi, à partir de midi, la cuisine ouvre ses portes, proposant de nouveaux plats chaque jour, avec une option végétarienne et une carnée. Pour les personnes en grande précarité, ces plats sont gratuits et 100 repas par semaine sont attribués à des associations. Celles-ci assurent ensuite la distribution sous forme de maraudes, de points de distribution ou de repas partagés.
“Le lieu est organisé autour d’une sorte de place du village. Il y a l’atelier auto, l’atelier vélo, une terrasse à l’intérieur […] Depuis le début, on a plein de place et une grande volonté d’accueillir”, explique Julien Goret, directeur adjoint du Garage Moderne.
Effectivement, lorsqu’on se balade dans le grand hangar du 176 rue Achard (adresse temporaire le temps des travaux du lieu initial), on marche entre des très vieilles voitures de collection, des garagistes qui travaillent assidûment et des endroits où se poser manger les plats préparés par les cuisiniers.



Le Garage Moderne organise également des événements, comme le Salon du livre d’illustration et de jeunesse Gribouillis, à la rentrée, mais aussi des concerts et des résidences d’artistes. “La spécificité, c’est que cette vie culturelle est imbriquée et indissociable de notre fonctionnement comme lieu de fabrication”, affirme Julien Goret.
La Maison écocitoyenne, à Bordeaux, accueille jusqu’au 29 septembre l’exposition ludique et pédagogique « Sur la piste du moustique tigre ». Celle-ci a été créée par la Fédération de pêche et de protection des milieux aquatiques de Gironde, en collaboration avec l’ARS Nouvelle-Aquitaine. Le département est classé au niveau 1 du plan national anti-dissémination des virus du chikungunya, de la dengue et du Zika. Cela signifie que le moustique tigre est implanté et actif dans le département, et même au-delà.
En effet, cet insecte très invasif a colonisé les trois quarts du territoire national depuis son arrivée en 2004. Il est par ailleurs présent dans 80 pays. Originaire d’Asie, il existe plus de 3 500 espèces de moustiques tigres dans le monde. Quelles sont ses caractéristiques ? Pourquoi et comment faut-il s’en prémunir ? En quoi est-il problématique ?
Émilie Denis, responsable du Pôle éducation à l’environnement à la fédération de pêche, partage les spécificités de cet insecte, de son nom scientifique Aedes albopictus. Elle donne également des conseils pour éviter sa prolifération et les piqûres.
Cet été, si vous avez décidé de rester en France pour profiter de sa gastronomie et de sa culture, nous vous proposons une escale à Bordeaux. Au programme : des activités culturelles, des visites incontournables et des bonnes adresses.
À pied, à vélo ou en tramway (et pourquoi pas en trottinette électrique), immersion au pays des cannelés.
Pour vous proposer la meilleure expérience, les Bordelais ne sont pas radins lorsqu’il s’agit de partager leurs bons plans.
Selon Jean et Laëtitia, Bordelais d’adoption depuis plus de 20 ans, “il faut absolument aller aux Bassins des Lumières”. Cette expérience immersive propose à ses visiteurs de découvrir des expositions numériques immersives monumentales dédiées aux grands artistes de l’histoire de l’art et à la création contemporaine.
Les Bassins des Lumières sont aujourd’hui le plus grand centre d’art numérique au monde. Cette exposition, à la fois animée et sonore, est une projection sur les murs de la base sous-marine. C’est en 2020 que ce lieu hors du commun a été réhabilité en salle d’exposition.
Le cannelé est une tradition bordelaise qui appartient au patrimoine culinaire de l’Aquitaine. Il tire son nom du moule en cuivre cannelé dans lequel il est cuit. Sa spécificité : une robe caramélisée et un cœur tendre. Des recettes uniques, testées et validées par la rédaction.
Moins touristique que ses voisins du centre-ville, ce quartier regorge pourtant de surprises. À la fois populaire et cosmopolite, il propose un large choix d’activités.
Son marché aux puces, sa basilique, ses cafés, ses épiceries qui sentent bon le Moyen-Orient… Faites un détour pour aller vous attabler en famille ou entre amis dans l’un de ces restaurants du Marché des Capucins.
“J’ai toujours été attirée par la symbolique des bijoux”, explique Marine, fondatrice, en 2018, de la marque de bijoux So What. Il s’agit d’une reconversion, avant, elle avait “un autre métier”, en Allemagne. Et puis à ses 30 ans, le déclic : “On nous met facilement dans des cases […] Je me suis rendu compte que même si j’essayais, il y avait toujours un truc qui débordait”. De ce constat, elle s’est dit “So what”, et alors ? Pourquoi ne pas se mettre à son compte et créer quelque chose de ses dix doigts et arrêter de se forcer à entrer dans des cases.
Son art est à l’image de cet état d’esprit, libre et unique, avec des touches de couleur et des matériaux bruts. Marine utilise essentiellement de l’or et de l’argent dits éthiques : “Je ne me fournis pas n’importe où quand j’achète mes métaux. Je fais attention à ce que ce soit des filières où il y a des labels.” L’argent et l’or proviennent en effet de la mine Sotrami, au Pérou. Les mineurs ont des salaires plus élevés et travaillent dans de bonnes conditions. Il n’y a pas de travail des enfants et l’utilisation de produits chimiques est limitée.

Marine a emménagé à Bordeaux et a installé son petit atelier dans le quartier de la Bastide. Aux côtés de l’artiste céramiste Le loup Blanc, elle propose des sessions de création de bijoux. L’atelier se compose d’une table centrale, sur laquelle elle reçoit ses clients. Puis, au fond, un bureau en bois brut orné d’une cheville, outil essentiel pour les joailliers. Elle crée et imagine des collections sur des thématiques diverses qui lui ressemblent.
Elle également partage sa passion avec des personnes qui, comme elle, ont envie de créer. Une façon de s’offrir un bijou réalisé par soi-même, mais aussi de conscientiser sa valeur. “Quasiment à chaque fois, j’ai au moins une personne qui me dit “ça change vraiment ma vision et il y a des prix, que je comprends mieux. Je regarderai plus de la même façon certains travaux”, relate la créatrice.
C’est une première en France. En juin dernier, le Port d’Arcachon, en Gironde, a installé un refuge pour hippocampes. Ce petit poisson mythique, surnommé le « cheval de mer », est emblématique du bassin d’Arcachon. Il est néanmoins indispensable de le protéger de sa principale prédatrice, la seiche.
Une première pensionnaire, baptisée Cléopâtre, y a fait un bref passage. Il s’agit d’une initiative du port. Celui-ci a sollicité le club de plongée les Nettoyeurs Subaquatiques pour participer à sa réalisation et son installation. Olivier Linardon est le fondateur de cette structure à visée écologique. En quoi cette initiative s’inscrit dans la préservation de biodiversité marine ?
« Et si vous changiez de regard sur la ville ? » C’est la question que pose l’association Alternative Urbaine, et elle propose de nous y aider en proposant, depuis 2017, des promenades pédestres dans la métropole bordelaise. Cette année, neuf quartiers de cinq communes sont à découvrir ou redécouvrir à travers des parcours thématiques amenés à évoluer au fur et à mesure de l’année.
« La structure est née d’une envie de mettre en valeur les quartiers méconnus et populaire de Bordeaux. De mettre en lumière des trésors cachés, des adresses et des histoires peu connues. Cette initiative existait déjà à Paris », explique Denis Blanc, chargé de développement.
Ces balades sont animées par onze éclaireurs urbains. « Ce sont des habitants de la métropole qui, à un moment de leur vie, se retrouvent en difficulté pour trouver un emploi. Ils ont donc une fragilité économique et sociale, ce qui peut engendrer une perte de confiance, d’isolement, etc. Le programme des éclaireurs vise à remettre sur pied des personnes éloignées de l’emploi par l’animation de balade. »
Au préalable, ces derniers suivent une formation de deux mois pour apprendre à prendre la parole en public, à gérer leur stress et leurs émotions, entre autres, à animer une balade, à gérer un groupe. Ils s’appuient pour ce faire sur des séances de yoga et de l’improvisation… Tous sont rémunérés durant ces deux mois. Le chargé de développement d’Alternative Urbaine précise que « l’idée n’est pas d’en faire des guides touristiques/conférenciers ». Mais ce sont bien eux qui, aidés de bénévoles, décident de la thématique qu’ils souhaitent aborder pendent cette heure et demie de balade. Le prix de la visite est libre.
Ces enseignements ont été bénéfiques à Sahay Fajardo, éclaireuse urbaine. Elle anime des visites dans le quartier Saint-Michel, à Bordeaux. D’origine cubaine, elle est arrivée en France il y a un peu plus d’un an. « J’étais professeure d’histoire dans mon pays d’origine. J’avais donc un peu d’expérience pour parler en public. Mais ce n’est pas évident quand on est dans la rue, il y a une autre dynamique. Je suis en train d’apprendre le français, donc ça m’a beaucoup aidée à me libérer. Ça me sera aussi utile pour trouver du travail parce qu’en entretien, je serai plus à l’aise et sûre de moi. » Les éclaireurs urbains peuvent rester huit mois au sein de l’association.
En 2023, la structure a organisé 209 balades qui ont conquis 1600 promeneurs. Il est notamment possible de privatiser une visite urbaine.
Quand on visite Bordeaux, c’est l’un des passages obligés : le miroir d’eau. Jean-Max Llorca, fontainier, a imaginé ce lieu aujourd’hui touristique. Agathe Corre est guide conférencière à l’office de tourisme et des congrès de Bordeaux métropole. Avec la structure, elle organise des visites pour découvrir les coulisses et les secrets du site.
AirZen Radio. Comment pourriez-vous décrire le miroir d’eau de Bordeaux ?

Agathe Corre. Ce n’est pas un bassin très profond. À Bordeaux, on dit d’ailleurs qu’on peut marcher sur l’eau à force (rires). Il sert de miroir dans lequel va se refléter la place de la Bourse, qui est arrière-fond pour la plus rendre plus belle. Ce monument a été créé pour la mettre en valeur. Il s’agit d’ailleurs du plus grand miroir d’eau du monde, avec ses 3 500 m² et une installation totale de 5 000 m². Il existe des miroirs d’eau un peu partout dans le monde, dont les plus anciens sont devant les châteaux de la Loire. Mais pour l’instant, même les Américains ne nous ont pas déclassés (rires).
Dans quel contexte a-t-il été imaginé ?
Ce projet a fait partie des réaménagements des quais, à partir du moment où Alain Juppé est devenu maire de Bordeaux, en 1995. Ces travaux ont duré de 1999 à 2009. L’inauguration du miroir d’eau a quant à elle eu lieu en 2006. C’est le fontainier Jean-Max Llorca qui l’a imaginé. Le mécanisme est souterrain et installé dans un ancien hangar enterré qui avait été placé juste en face de la place de la Bourse pour faciliter le fonctionnement du port. Le miroir d’eau fonctionne ainsi comme une piscine. Il y a un bassin de 700 m³ et de 25 m de long. Des pompes poussent alors l’eau de façon à former une fine pellicule d’eau et donc de créer cet effet miroir.
Comment fonctionne le mécanisme qui fait la particularité du miroir d’eau ?
L’objectif est d’avoir deux phases : miroir et brumisation. En plus du bassin de 700 m³, il y en a un intermédiaire de 200 m³. Celui-ci est utilisé pour créer la brume. Dans tous les cas, l’eau utilisée est celle de la ville. Un dérailleur et un filtre à sable vont ainsi la recycler, la filtrer et la nettoyer. Bien que l’eau soit déjà traitée, elle va être surtraitée parce qu’on y trouve toutes sortes de choses : des téléphones, des mégots de cigarette, etc. On y ajoute un certain nombre de composants pour qu’on puisse s’y « baigner » car il y a beaucoup d’enfants, des animaux. L’idée est d’avoir une eau propre. On va donc ajouter du chlore comme dans une piscine et des produits, des adoucissants, pour que le calcaire ne blanchisse pas la surface qui est en granit.
Que représente ce lieu, selon vous ?
Pour les Bordelais, c’est un lieu très attractif. Je crois qu’on a tous des photos de nos enfants qui disparaissent dans le brouillard ou qui se baignent sur le miroir. Quand il fait chaud, tout le monde aime se retrouver là. Il y a beaucoup d’animations au niveau national ou international. C’est l’image de Bordeaux.
À lire aussi : Gironde : favoriser le tourisme de proximité avec les escapades locales
À Villandraut, petit village girondin, une galerie d’un nouveau genre vient de voir le jour. Elle s’appelle Libre vue, du nom de l’association qui en est à l’origine. C’est là que réside la photographe et réalisatrice Catherine Cabrol et que les photographies de sa collection “Carton rouge” viennent d’être accrochées pour quelques mois, après une première exposition à Paris. “Carton rouge” est une succession de portraits et de témoignages de femmes et d’hommes, valides ou en situation de handicap, connus ou anonymes, ayant subi des violences sexuelles dans le cadre de leur pratique sportive.
“J’ai réalisé mon travail contre les violences dans le monde du sport parce que j’aime le sport. Je veux que ça s’arrête, que la photographie réveille, comme d’autres médias ou témoignages peuvent le faire. Les portraits représentent 17 personnes qui assument, de face, de dire ce qu’il leur est arrivé dans des sports différents. Il faut les entendre, il faut les voir. J’emmène à voir et à entendre parce que j’écris leurs paroles en dessous.”

Le sport est quelque chose que connaît bien Catherine Cabrol. Elle a longtemps pratiqué le tennis, avant de s’épanouir dans le volleyball. Et elle a toujours aimé la photo. C’est pourquoi elle a décidé de combiner ses deux domaines de prédilection. Elle commence par prendre des clichés de sportifs, notamment un jeune tennisman à qui elle trouve du talent, qu’elle suit pendant ses entrainements, l’année où il remporte Roland-Garros. Nous sommes en 1983. Il s’agit de Yannick Noah.
C’est la consécration. Elle publie dans “Paris Match”. Catherine Cabrol pourrait devenir la photographe officielle du champion et se reposer sur cette gloire acquise, pas forcément évidente pour une femme à l’époque puisqu’elle est la seule à photographier des sportifs. Mais elle découvre qu’elle aime photographier les gens au-delà du sport. Elle ouvre alors son champ d’action, photographie des gens dans le monde entier, de tous horizons. C’est la période de gloire des agences de presse. “J’avais envie de créer, raconte-t-elle. D’être inventive et de sublimer ce regard féminin. J’y tenais parce que je trouvais que je n’avais pas le même point de vue que les garçons. Ce que j’ai réussi à affirmer au fil du temps.”
Elle photographie des personnages célèbres, de nombreuses actrices, dont une qu’elle affectionne tout particulièrement, Marie Trintignant. Elle réalise une séance alors qu’elle se trouve à Vilnius. Elle ne la reverra jamais, tuée peu après par son compagnon. “C’est quelque chose qui a changé ma vie parce que je n’ai rien vu venir. Pourtant, mon métier, c’est de voir, et là, je n’ai rien vu. Donc j’ai voulu m’éduquer. Je suis allée à la rencontre des femmes victimes de violences et je les ai photographiées.” Ce travail, débuté en 2003 et approvisionné en permanence depuis lors, c’est “Blessures de femmes”, qui donnera lieu à des films, des photos, bien sûr, des expositions, mais aussi un livre.
“J’avais déjà intégré dans ce sujet une sportive qui avait subi des violences de la part de son entraineur. Mais là, je voulais aller plus loin et aussi m’attacher aux garçons qui subissaient des violences. J’ai donc créé un sujet, “Carton rouge”, dédié aux jeunes femmes et aux jeunes hommes qui ont subi des violences sexuelles dans le monde du sport.” Un travail achevé en début d’année.

Le 28 août, une soirée spéciale* est organisée à la galerie à l’occasion du lancement des jeux paralympiques. Carton rouge”, mais aussi d’autres photographies célébrant les sportives et sportifs en situation de handicap, seront exposées à la galerie Libre vue. L’ancienne joueuse de tennis Angélique Cauchy, qui apparaît sur l’un des clichés, sera présente. Elle est membre fondatrice de l’association Rebond, qui s’engage dans la prévention et l’accompagnement des victimes de violences sexuelles dans le sport.
Catherine Cabrol tient énormément aux Jeux paralympiques, car en 2007 elle a photographié de jeunes enfants aveugles au Mali, pays d’origine de sa fille. Ce travail a donné naissance à la création d’un terrain de cécifoot (foot pour non-voyants). “Je me suis dit que je ne pouvais pas m’enrichir avec ces photos sans leur offrir quelque chose en échange.” Cent-vingt enfants, filles et garçons, s’entrainent toute l’année sur ce terrain à Bamako. L’équipe nationale du Mali s’est constituée avec 100% de joueurs issus de ces entrainements, lesquels ont disputé quatre Coupes d’Afrique des Nations et une Coupe du monde. L’accent est mis désormais sur les compétions féminines. “La photographie rend donc service à des jeunes non-voyants, par le biais du sport et je trouve ça chic. Les non-voyants ont changé ma vision du monde. Ce sont les aveugles qui me guident et non l’inverse. Et pourtant, je suis photographe.”
Des photographies et un engagement à découvrir à Villandraut, en Gironde, siège de l’association, une galerie de campagne insolite et unique. Ou via la Boutique solidaire en ligne pour aider Libre vue à continuer d’œuvrer dans son action photographique et engagée. S’y trouvent plusieurs collections sur des thèmes comme la place de la femme dans le sport, le Mali avec la collection “Solidarité aveugle” et “Blessures de femmes”; Il est alors possible d’acquérir une belle image, encadrée, chic et qui permet de soutenir l’association !
*Lors de cette soirée, deux sessions de sensibilisation au cécifoot seront organisées dans les jardins de la galerie. Les participants volontaires auront les yeux bandés et seront encadrés par Thiam, capitaine de l’équipe nationale de cécifoot au Mali et acteur essentiel du programme Solidarité Aveugle de Libre vue à Bamako.

Les sportifs de haut niveau doivent faire face à différentes émotions tout au long de leur carrière. La joie, la colère, la déception, l’exaltation, le stress, l’anxiété… Mais comment se manifestent-elles ? Lou Méchiche,18 ans, en sait quelque chose. Cette parasurfeuse malvoyante, championne du monde en équipe et troisième en individuel, les ressent intensément.

« Je passe par des émotions bien fortes. J’ai donc pris une coach mentale. Une autre coach m’a aussi appris à les gérer, à rester concentrée, parce que j’ai tendance à penser à 20 000 trucs en même temps. J’ai aussi beaucoup d’adrénaline quand je suis en compétition. J’ai envie d’aller à l’eau direct, même quand ce n’est pas à mon tour. Je ressens de la colère quand je ne réussis pas une vague. Je m’énerve beaucoup. Ça me vaut quelques bleus sur les jambes à cause de la planche, que je tire hyper fort vers moi », détaille-t-elle. Elle raconte qu’il peut aussi lui arriver de pleurer de tristesse lorsqu’elle n’atteint pas ses objectifs ou de ressentir de l’injustice face à certaines décisions de l’arbitre.
Mais alors, comment gérer ces émotions pour qu’elles ne soient pas un obstacle dans l’accomplissement de leurs attentes ? La jeune athlète fait des exercices de respiration, notamment pour le stress. C’est aussi le cas de Milo Bernard, 17 ans, en internat au Creps de Bordeaux.
Le parathlète est spécialiste du 100 m, 200 m, mais surtout du saut en longueur. Il a été amputé de sa jambe droite, à 9 ans, à la suite d’un accident agricole avec son père. « Les émotions m’animent au quotidien et sont aussi présentes à l’entrainement. Parfois, on a des coups durs. Les émotions sont au plus bas. C’est compliqué mentalement. Puis, on a un déclic, du bonheur rejaillit. En compétition, quand on a le trac ou ce genre d’émotions qui pourraient nous restreindre, finalement cela nous permet de nous dépasser. En fait, on les transforme en moteur à travers la respiration et la visualisation. La peur devient de la détermination puis de la joie si on a réussi à réaliser une belle performance », dit-il avec le sourire.

L’entourage joue également un rôle important, notamment les coachs qui passent beaucoup de temps avec les athlètes. « C’est important qu’ils soient présents dans notre quotidien, pour nous cadrer. Comme ça, ils nous reprennent quand on n’est pas sérieux, pas assez concentrés. Mais aussi nous pour nous préparer à des compétitions énormes », explique le jeune homme. Il peut d’ailleurs compter dans son cercle proche sur Bastien Drobniewski, coordonnateur des Pôles Nationaux Handisport au Creps de Bordeaux, le seul en France qui a une section dédiée aux sportifs de haut niveau porteurs de handicap.
Sur ce site, il est au contact de 28 athlètes répartis dans trois disciplines : le basket fauteuil, le tennis de table et l’athlétisme handisport. Ici, tous les sportifs ont un handicap moteur et/ou sensoriel. Une spécificité avec laquelle il compose pour proposer un accompagnement adapté. « Ils ont une fragilité certaine qui vient de la naissance, de la jeunesse, de l’adolescence. Il faut donc comprendre ce qui est arrivé et comment l’athlète se positionne par rapport à ces difficultés-là. C’est un élément indissociable aujourd’hui pour les accompagner et les coacher au mieux », dit-il.
Le coordinateur a par ailleurs pu constater l’évolution de la place des émotions. « La gestion des émotions chez l’athlète est un sujet de moins en moins tabou. Et dans l’environnement du sport de haut niveau, les émotions sont intenses, parfois contradictoires. Le parcours de nos jeunes n’est jamais linéaire. Il est jonché de déceptions et de réussites. L’enjeu est donc de réussir à passer ces étapes-là. Je pense que, pour les aider, il y a des règles d’or : connaître le parcours et connaître l’identité de chacun d’entre eux, analyse-t-il. Aujourd’hui, je pense que, dans le sport de haut niveau, il y a une recherche de la meilleure performance. On s’est intéressé pendant de nombreuses années au corps. Maintenant, on va davantage dans les émotions, les sentiments. On essaie de faire coïncider performance mentale et physique. »
Quelles histoires se cachent derrière Le château du Prince Noir, à Lormont, le « fil vert », à Floirac, ou encore les fresques de street-art à Bègles ? Pour le savoir, l’Office de tourisme et des congrès de Bordeaux métropole propose des « escapades locales », sous la forme de visites guidées dans différentes villes de la métropole bordelaise, notamment à Bègles, Cenon, Gradignan.
Ces visites ont pour objectif de favoriser le tourisme de proximité. « On n’est pas là uniquement pour les habitants de France et d’ailleurs. On est aussi là pour les habitants d’ici, pour ceux qui ont soif de découverte, qui ont envie de se balader le week-end pour voir le patrimoine naturel et le bâti qui nous entoure », explique Mélanie Tammeveski, responsable éditorial et rédactrice en chef du site Un Air de Bordeaux, piloté par l’office de tourisme.
Ces balades guidées d’une heure se font avec un guide conférencier et essentiellement à pied. « Habituellement, lors des visites, on va d’un monument à un autre. Ici, on va aussi s’arrêter dans un parc pour en savoir un peu plus sur la diversité, découvrir différents points de vue. Il y a un volet paysage important, avec l’architecture, les tiers-lieux, les commerces, les vestiges, en voulant rendre vivant le passé, pour mieux plonger dans l’histoire. On estime que la découverte est possible toute la journée », dit-elle.
Le tarif des escapades locales est de 8 euros par personne avec un tarif préférentiel pour les habitants de la métropole. Ces derniers sont 813 250, répartis sur les 28 communes, soit autant de touristes potentiels.
Michel est non-voyant, certes. Mais il est bien d’autres choses. Le quinquagénaire, croisé lors de la journée de sensibilisation au handicap visuel à Talence, en Gironde, a une vie bien remplie. Marié depuis 21 ans, Michel travaille comme serveur dans le restaurant Dans le noir, au Radisson Blu, à Bordeaux. Ce restaurant propose une expérience culinaire dans l’obscurité totale, permettant aux clients de mieux comprendre le quotidien des personnes déficientes visuelles.
Son temps libre est bien rempli. Il est en effet secrétaire d’un club de rugby local et grand amateur de sport. Sa passion principale ? La course à pied, avec un record impressionnant de 3 h 10 au marathon. Il a d’ailleurs participé à 38 marathons dans des villes emblématiques comme New York, Paris, Berlin et Amsterdam. Pour accomplir ces courses, il doit être accompagné d’un guide, chargé de réaliser le parcours à ses côtés de façon à ce qu’il puisse, au mieux, appréhender le terrain.
Le sportif souligne l’importance de la symbiose entre le coureur non-voyant et son guide. Un lien sans lequel il ne pourrait pas accomplir ces exploits. “L’objectif est de ne faire qu’un avec le guide, c’est la base parce que sans eux, je reste à la maison ! […] N’importe qui ne s’improvise pas guide”, raconte-t-il.
Pour cela, il les forme au sein de l’association Urban Runners, une association avec laquelle il s’entraîne régulièrement. Il enseigne ainsi l’importance “de prévenir les obstacles, tels que les dos d’âne ou les côtes”, pour assurer une expérience sécurisée et agréable au non-voyant.
“J’ai une autre corde à mon arc”, raconte-t-il d’un ton rieur. C’est le cas de le dire ! Ce touche-à-tout est en effet également champion de France de tir à l’arc non-voyant. Pour viser la cible, il a ainsi mis au point un stratagème ingénieux qui repose sur le toucher, le positionnement du corps et la complicité d’une tierce personne pour l’aider à se situer.
Il affirme avoir “compensé” son handicap en développant une très bonne ouïe. À distance, il est ainsi capable de percevoir et de reconnaître les sons lui permettant de mieux se situer dans son environnement.
Il nous livre enfin son conseil pour aborder une personne malvoyante. “Si vous proposez votre aide à une personne déficiente visuelle, il faut la laisser faire, ce n’est pas à vous de la toucher.”
« Cet été, ne vous laissez pas bêtement piquer votre sang. Donnez-le ! » C’est le slogan de la campagne estivale de l’Établissement Français du Sang (EFS) Nouvelle-Aquitaine. Entretien avec Sandrine Le Goff, responsable du développement du territoire de Gironde au sein de la structure.
AirZen Radio. Vous avez opté pour une pointe d’humour pour cette campagne de cet été ?
Sandrine Le Goff. On est dans un contexte un petit peu particulier et de difficulté. Depuis le début l’année, les stocks et les réserves sont vraiment bas. On voulait donc lancer une campagne un peu humoristique, qui pique comme on dit avec cette accroche, pour rappeler qu’il est important d’aller donner son sang. Mais aussi pour essayer d’interpeller les donneurs et les non-donneurs avec une pointe un peu estivale et qui nous touche tous. C’est le cas de le dire puisqu’on est tous un peu impactés par les piqûres de moustiques (rires).
Qu’en est-il des réserves de sang actuellement ?
La mobilisation des donneurs au cours de ces dernières semaines, notamment à l’occasion de la Journée mondiale des donneurs de sang qui a lieu le 14 juin, n’a pas permis d’inverser la tendance qui était déjà à la baisse depuis le début de l’année. Puis la période électorale nous a mis aussi en difficulté. Et on sait que, traditionnellement, l’été est une période particulièrement sensible, où les donneurs sont en vacances, donc moins disponibles. Et on doit aussi prévoir de répondre aux besoins pendant la période des Jeux olympiques et paralympiques.
Pour cela, nous avions pour objectif de remplir nos réserves pour atteindre 105 000 poches de sang d’ici à la mi-juillet. Nous n’y sommes pas puisqu’on compte 93 000 poches au niveau national. Et au niveau de la Nouvelle-Aquitaine, nous devrions avoir 10 000 poches en réserve. Mais actuellement, nous n’en avons que 8000. D’où cette campagne un petit peu différente sur un ton humoristique pour interpeller les Français et leur demander de se mobiliser massivement, notamment ceux du groupe sanguin O négatif. Il y a un gros besoin pour ce groupe actuellement.
Il s’agit du groupe sanguin universel ?
Effectivement, c’est le groupe sanguin qui est donné en cas d’urgence vitale immédiate. Les donneurs de groupe au rhésus négatif, qui sont dits « donneurs universels », ont des globules rouges pouvant être transfusés à tous les types de patients, quel que soit leur groupe. Ils sont donc réellement indispensables, notamment en cas d’urgence vitale immédiate et qu’on ne connaît pas le groupe sanguin du receveur.
Vous avez dit que, lors de la période estivale, les vacanciers se mobilisent moins. Mais finalement, ne serait-ce pas le meilleur moment pour faire un don ?
Complètement. De toute façon, on a besoin de dons réguliers. Il faut savoir qu’on peut donner son sang tous les 56 jours, jusqu’à quatre fois par an pour une femme et six fois pour un homme. Il y a des collectes tous les jours, partout en France. Nous avons aussi à cœur de proposer des collectes sur les lieux de villégiature des Français. Dans la région Nouvelle-Aquitaine, il y a des collectes estivales, pas forcément uniquement à la plage, mais il y en a effectivement à Lacanau ou sur le bassin d’Arcachon. C’est l’occasion d’attirer des donneurs qui n’ont pas le temps d’aller faire un don du sang le reste l’année et qui sont en vacances.
Pouvez-vous rappeler à quoi servent les dons du sang, pour bien comprendre leur nécessité ?
Alors, le don de sang permet majoritairement de traiter des patients atteints de cancer et de maladie rare génétique. On va aussi venir transfuser du sang aux victimes d’hémorragie, d’accident de la route, d’intervention chirurgicale ou lors de certains accouchements, etc. Il y a différents besoins, d’où cette nécessité de 1 000 poches chaque jour en Nouvelle-Aquitaine pour soigner les malades.
Et à l’échelle nationale, c’est 10 000 dons nécessaires par jour. La Nouvelle-Aquitaine représente donc 10% des besoins…
Exactement ! J’en profite également pour parler du don de plasma, qui se fait sur rendez-vous dans des Maisons du don. On a de plus en plus besoin de ce don, dont n’est pas autosuffisant. Il faut savoir qu’on importe, majoritairement des États-Unis, 65% des produits issus du plasma. Là-bas, ils pratiquent des politiques de prélèvement générique, donc très éloignées de notre éthique française. Ce don permet de soigner des personnes atteintes de maladies rares, auto-immunes. Certaines personnes ont besoin de 580 dons de plasma par an pour pouvoir marcher. C’est énorme.
La recherche a permis d’identifier qu’on pouvait soigner de plus en plus de malades avec des produits dérivés du plasma. On sait donc que la demande est en pleine expansion. Et le plasma permet vraiment d’améliorer le quotidien de certains patients, car les maladies auto-immunes sont malheureusement en plein développement.
On le sait : le jeu est un moyen pour sociabiliser. De plateau, d’adresse, de hasard, de réflexion… En solo ou à plusieurs, il en existe sous différentes formes, et ce, depuis de nombreuses années. D’ailleurs, d’après des fouilles archéologiques, le jeu le plus ancien retrouvé date d’il y a 5 000 ans. Il s’agirait du Senet, un jeu de plateau apparu dans l’Égypte antique.
Justement, dans l’Antiquité, comment et de quelle façon la population jouait-elle ? L’Institut national de recherches archéologiques préventives (INRAP) regorge de sources et découverte datant de cette époque, allant de 3 500 avant J-C à 476.
Tristan Tocqueville y est documentaliste. Lors d’un événement organisé par la structure, il a proposé un atelier d’initiation aux jeux gallo-romains. « On va avoir, par exemple, des jeux de stratégie un peu complexes, avec les latroncules, l’ancêtre du jeu de dames et des échecs. La marelle, aussi appelée jeu de moulin, un jeu grec, le pente grammai et l’ancêtre du tangram, le loculus d’Archimède, un puzzle développé par le scientifique. La particularité est qu’il y a au moins 536 solutions, mais toutes n’ont pas été résolues. Ce sont des mathématiciens qui se sont penchés dessus et en ont déduit cela », explique-t-il.
À force d’expérimentation et de diverses sources, les règles des jeux ont pu être reconstitués. Le spécialiste concède qu’il est encore parfois difficile de bien les connaître et qu’il est facile d’interpréter avec notre regard contemporain.
Quant à savoir l’usage des jeux à cette époque, « c’était principalement du divertissement ». Mais ils avaient aussi été développés pour le côté éducatif. D’autres étaient en lien étroit avec les stratégies militaires. « Il y avait des jeux d’argent avec des dés. Officiellement, c’était interdit. Mais le premier à y jouer, c’était l’empereur. Sinon, c’était une pratique collective plutôt en extérieur, dans un bain ou aux toilettes. Mais aussi, en attendant un spectacle de gladiateurs. Les enfants également vont s’exercer avec les jeux. Ils jouent avec des osselets ou des jeux de noix », illustre Tristan. Ce dernier souligne qu’il y a des soupçons sur le fait que le jeu soit aussi utilisé lors de rituels religieux et des oracles. Ce qui est sûr, c’est que beaucoup ont été créés et certains ont perduré.
Au fur et mesure des fouilles, les chercheurs ont pu constater que les jeux étaient utilisés par les hommes. Et les femmes dans tout cela ? « C’est une question qu’on se pose beaucoup. On est dans l’archéologie de genre. On en saura plus à force de fouilles et d’expérimentations. Mais c’est difficile d’y répondre. Comment trouver la trace de ça dans les textes romains ? Ceux qui nous sont parvenus sont des copies réalisées à l’époque médiévale. Ces mêmes textes ont été recopiés à la Renaissance. Donc dans quelles mesures ça a été déformé ou pas, au profit des cultures de ces périodes-là qui visent à rabaisser les femmes plutôt que les hommes. On a encore de belles années de travail pour élucider ça » (rires).
Plus généralement, sur la question de la place du jeu dans les différentes classes sociales à cette époque se pose.
La genèse de cette journée de sensibilisation au handicap visuel est avant tout une histoire d’amitié entre Sylvain Charron, passionné de course à pied, et Michel Le Besnerais, marathonien et non-voyant. Les deux hommes se sont rencontrés lors des courses organisées par l’association Urban Runners. “Je voulais lui rendre hommage et sensibiliser les gens en leur expliquant comment interagir avec une personne déficiente visuelle”; raconte Sylvain.
Pour ce 6 juillet 2024, des tentes blanches ont été installées dans le parc Peixotto, à Talence, près de Bordeaux. Le public a pu s’essayer à différentes activités. Au programme : ateliers sensoriels pour le toucher et l’odorat, découverte du monde multimédia destiné aux personnes non-voyantes, initiation au braille ou encore découverte des chiens guides d’aveugles.
Les organisateurs ont aussi proposé au public une course “spéciale”. Pour la réaliser, il n’était aucunement nécessaire d’être un grand sporti. Il fallait avant tout accepter d’avoir “une confiance aveugle” en son partenaire. Le principe : un masque sur les yeux du guidé et, du côté du guideur, tout se passe à la voix et dans la précision de ses indications. Pour créer une connexion entre les deux personnes, une corde est attachée au doigt de chacun.
Une journée placée sous le signe de la rencontre et de la pédagogie. Nombreux sont les participants à s’être prêtés au jeu. Enfants et adultes ont pu tester les activités. Un groupe d’éducateurs et de jeunes adolescents étaient par ailleurs présents. “Je trouve ça intéressant de pouvoir se mettre dans la peau d’une personne aveugle,” raconte Bessem, éducateur dans un Centre Social et Familial (CSF) à Sainte-Eulalie, en Gironde.
Pour Agnès, bénévole et déficiente visuelle, “il est important que le monde du handicap soit mieux reconnu. Aujourd’hui, cela peut toucher tout le monde, surtout avec la population vieillissante. Pour ma part, je suis déficiente visuelle depuis la naissance. J’ai évolué dans le monde des non-voyants. Je travaille avec des non-voyants et, pourtant, j’ai dû m’intégrer dans le monde des valides. Des journées de sensibilisation comme aujourd’hui permettent de toucher les adultes et les enfants. Si j’ai réussi à sensibiliser deux personnes aujourd’hui, c’est gagné !”
À travers diverses activités et une course symbolique, cette journée a permis aux participants de mieux comprendre et appréhender les défis quotidiens des personnes déficientes visuelles et à renforcer la compréhension et l’inclusion au sein de la société.
Un nuage, de station orbitale, d’étoile, de coquillage ou encore une cabane perchée. Ce sont les formes originales de quelques-uns des onze refuges périurbains de la métropole de Bordeaux. Ceux-ci sont disséminés à différents endroits du territoire. La collectivité a lancé ce concept en 2012. « Au départ, il résultait de la volonté de Bordeaux Métropole d’offrir à ses habitants une accessibilité à la culture, puisque ces refuges sont avant tout des œuvres d’art, et de redécouvrir le territoire. La meilleure solution, c’est d’offrir des petites maisons pour ses habitants. Ainsi, la Métropole a décidé de créer des refuges périurbains. Ce sont des œuvres d’art conçues par des artistes et réalisées par des architectes. Ils ont eu une liberté totale pour réaliser ces lieux uniques. La démarche en soi n’existe pas ailleurs dans le monde », explique Nicolas Prépoint, en charge du dossier à Bordeaux Métropole.
Il est ainsi possible de passer une nuit dans « ces œuvres d’art habitables », entre mars à novembre. L’expérience est gratuite. Il suffit simplement de réserver via la plateforme et de verser une caution. À l’intérieur, il n’y a ni eau, ni électricité, ni drap, ni vaisselle. Il faut donc apporter le nécessaire pour la nuit. Des toilettes sèches sont néanmoins à disposition. Si le confort est rudimentaire, l’expérience est insolite et permet de casser sa routine et de profiter du calme de la nature.

« Chaque refuge a été décidé en fonction du paysage et de la rencontre entre, quelquefois, des contradictions. Par exemple, à Bègles, le refuge Les Guetteurs se trouve derrière le centre commercial des Rives d’Arcins. Et, en même temps, il fait face à l’île d’Arcins avec la Garonne. Ici se mêle le bruit de la nature et le bruit d’un milieu plutôt urbain. Le but de la démarche, c’est vraiment de découvrir un lieu qu’on ne soupçonnerait pas, dans un endroit qui est totalement atypique », raconte Nicolas Prépoint.
Pour profiter de cette offre, il faut être réactif, car les créneaux sont pris d’assaut. Ils ouvrent les 1ᵉʳˢ de chaque mois pour le mois suivant. « Tout le monde est concerné. On a fait des statistiques pour savoir qui réserve. La plupart du temps, ce sont des métropolitains ou des habitants de la commune dans laquelle est implanté le refuge. Mais les gens viennent aussi des quatre coins de France. Et puis, parfois, il y a des étrangers. Il faut savoir que les refuges se trouvent dans des guides touristiques internationaux », précise Nicolas Prépoint.
Les refuges peuvent accueillir entre une et huit personnes. Les mairies se chargent du gardiennage et de l’entretien. Les particuliers doivent aussi faire leur part en laissant le lieu dans un bon état.
En milieu rural comme urbain, vous avez peut-être déjà vu des personnes s’activer dans des zones de chantier, outils à la main, attentifs, scrutant ce qu’il y a sous le sol, déterrant des vestiges du passé. Il s’agissait certainement d’archéologues en pleine fouilles archéologiques préventives. En quoi cela consiste ? Mathieu Roudier répond à nos questions. Il est directeur adjoint scientifique et technique à l’Inrap (Institut national de recherches archéologiques préventives). Il coordonne ainsi les différentes interventions des opérations archéologiques sur le territoire aquitain.

AirZen Radio. Que signifie être archéologue ?
Mathieu Roudier. Être archéologue, c’est avoir une passion pour le patrimoine, l’histoire plus ou moins ancienne. Puisque être archéologue, c’est intervenir sur des périodes qui peuvent remonter de la préhistoire. Mais aussi beaucoup plus récentes, parce qu’on parle également d’archéologie d’époque industrielle, donc des XIXe et XXe siècles. Être archéologue, c’est donc s’intéresser de manière générale à l’histoire et au patrimoine national. C’est aussi travailler en toutes circonstances : qu’il pleuve, qu’il neige, qu’il fasse très chaud.
Qu’est-ce qu’alors l’archéologie préventive ?
C’est l’intervention des archéologues préalablement à tous les projets d’aménagement qui structurent le territoire français. Aussi bien des projets d’aménagement privés – comme la construction d’une maison individuelle – que des projets d’aménagement à plus grande échelle – comme des lotissements. Ça comprend aussi des constructions d’autoroutes ou d’hôpitaux, etc. L’archéologie préventive est donc l’intervention des archéologues avant tous ces projets, qui vont impacter nécessairement le sous-sol et donc détruire les vestiges qui y sont conservés. Le travail des archéologues est ainsi de vérifier ce qu’il y a dans le sous-sol, de relever, d’enregistrer, de conserver la mémoire de tout ce passé avant qu’il soit détruit.
Chaque projet de construction donne donc lieu à de l’archéologie préventive ?
Pas nécessairement. Tout va dépendre du cadre d’intervention. En milieu urbain, surtout dans une ville comme Bordeaux ou d’autres grandes villes de France qui ont une histoire très longue, il y aura quasiment, pour chaque projet d’aménagement qui va impacter le sous-sol, de l’archéologie préventive. Quand on intervient en milieu rural, il n’y a pas forcément à chaque fois de l’archéologie préventive.
Comment ces missions se déroulent-elles ?
Il y a un processus qui est plusieurs temps. Le projet d’aménagement va être déposé. Il va arriver sur les bureaux des services instructeurs des services de l’État, le service régional de l’archéologie (SRA). Lui va demander à l’Inrap de réaliser un diagnostic. On va donc intervenir sur le site, faire quelques ouvertures, des tranchées, des sondages pour vérifier s’il y a un patrimoine de vestiges conservés. En fonction des résultats de ce diagnostic, le SRA décide s’il y a une fouille archéologique préventive.
Généralement, combien de temps dure un diagnostic ?
Il va durer au minimum 2 à 3 jours. Il peut se développer sur plusieurs semaines en fonction de la superficie sur laquelle on doit intervenir et diagnostiquer. Un chantier de fouilles préventives va quant à lui se dérouler au minimum sur trois semaines. Cela peut aussi durer un an dans le cadre de très gros projets d’aménagement. Il n’y a pas de règle.
Combien de chantiers gérez-vous sur le territoire aquitain ?
C’est très fluctuant, parce que ça dépend de l’activité des projets d’aménagement. En général, on a toujours plus ou moins 5 ou 6 diagnostics en même temps et 2 à 3 fouilles d’archéologie préventive. Mais il peut y avoir entre 5 et 10 opérations différentes menées en même temps sur tout le territoire.
Les fouilles archéologiques se déroulent davantage en milieu urbain ?
Pas nécessairement. Les opérations en milieu urbain sont plus rares parce qu’il y a beaucoup de conditions, de logistique, d’intervention assez compliquées à mettre en place. Puis, dès qu’on touche au sous-sol, en milieu urbain, on sait que les projets vont être compliqués. En milieu rural ou dans des petites communes, c’est plus régulier. Ça peut aussi bien être pour des lotissements que des aménagements, des extensions de carrière, des aménagements de fermes agriphotovoltaïques. Tous ces projets sont beaucoup plus vastes en superficie. C’est essentiellement ce type de projet que l’on accompagne.
Finalement, quel est l’intérêt de l’archéologie préventive ?
Elle a un double intérêt. Celui, d’abord, de permettre de comprendre, de connaître le passé de notre patrimoine, les occupations les plus anciennes, et de conserver ces données pour la mémoire. À côté de ça, elle permet également au projet d’aménagement du territoire de ne pas bloquer l’avenir avec le passé. Elle consiste à permettre de faire que les deux coexistent.
Parce que si vous trouvez des vestiges, un projet de construction ne sera pas nécessairement annulé…
Non. Quand on fait nos opérations d’archéologie préventive, on ne va pas derrière empêcher la construction qui doit se faire. On relève tous les vestiges, les données, le mobilier archéologique. Puis, on interprète et, à côté, le projet va continuer. On va prendre, bien sûr, plus ou moins de temps pour faire notre fouille. Bien sûr, ça peut arriver que ça bloque, mais c’est dans le cadre de découvertes extraordinaires, qu’on considère faire partie du patrimoine national, voire mondial, comme à Pompéi. Là, c’est vraiment un site extraordinaire. Dans ces cas-là, on peut annuler le projet. Mais cela représente moins de 1% des projets d’aménagement que l’on peut rencontrer.
Est-ce qu’on peut dire que les archéologues sont des enquêteurs sur le passé ?
C’est tout à fait ça le travail. Le travail de l’archéologue est un peu un travail d’enquêteur. On ne va pas dire qu’on se rapproche de “NCIS” ou autres, bien sûr (rires). Mais oui, on doit relever tous les indices d’occupation du passé, les comprendre, les analyser pour pouvoir dire qu’à tel endroit, il y avait une maison, à tel endroit, un entrepôt, là, une route. Tout ça, c’est de l’interprétation, c’est de l’analyse. Donc oui, un archéologue mène une enquête sur le passé.
L’Inrap estime que 90% des fouilles réalisées en France ont lieu dans le cadre d’une opération d’archéologie préventive. Sans celles-ci, des pans de l’histoire seraient détruits, peu connus, voire ignorés. L’archéologie préventive est réalisée aux frais de l’entreprise ou du particulier qui prévoit de réaliser des travaux affectant le sous-sol.

Il arrive que ces fouilles préventives donnent lieu à des découvertes rares. Ça a été le cas à Bordeaux, en 2023, près de la basilique Saint-Seurin, en amont des travaux du Bus express. Camille Vanhove, archéologue, spécialiste en anthropologie, est responsable d’opération au Centre archéologie préventive de Bordeaux métropole. Elle était la responsable du chantier :
Ce qui était inédit, c’était l’étendue de la nécropole, et la découverte d’habitat antique à l’espace funéraire. En tout premier lieu, il y a eu une installation, probablement, d’une domus, donc un habitat privé d’époque gallo-romaine. Pour l’instant ce sont des suppositions. Elle aurait été construite aux alentours du début du Ier siècle de notre ère et aurait été utilisé jusqu’aux IIIe-IVe siècles.

Ensuite, elle aurait été totalement abandonnée et tout l’espace aurait été récupéré à des fins funéraires. Elle aurait alors changé de vocation. Une nécropole se serait installée dans les parages, probablement en lien avec le site de la basilique Saint-Seurin. Il y aurait des premières inhumations qui dateraient du IVe siècle. Puis, aux VIe, VIIe siècle, VIIe siècles, s’implanterait la nécropole avec les sarcophages. On a retrouvé 57 sarcophages, avec les restes d’un jusqu’à cinq individus à l’intérieur.
Ensuite, il y a encore eu des inhumations jusqu’à l’époque moderne, mais elles sont moins intenses. Au XVIIIe siècle, à l’époque moderne, la vocation funéraire change. Et on se retrouve dans le cas de figure où il y aurait plutôt des bâtiments, puisqu’on a retrouvé des murs et des sols, mais on ne connaît pas leur fonction. On a retrouvé les ossements de près de 200 individus, toutes époques confondues.
En se rendant au quartier du Grand Parc, à Bordeaux, il faudra lever les yeux en ciel. Ainsi, sont accrochés sur les façades des immeubles et aux réverbères une cinquantaine de portraits de jeunes en insertion professionnelles originaires de ce quartier. Ces œuvres ont été réalisés par la photographe Henrike Stahl, lorsqu’elle était en résidence au Château Palmer, à Margaux, en Gironde. Celles-ci ont donné lieu à l’exposition urbaine « Instants ».
« Depuis plusieurs années, le château a un lien avec l’art et notamment avec la photographie. On accueille depuis trois ans des artistes. L’an dernier, c’était Henrike. Lors d’un de ses passages, elle a été particulièrement touchée par la collaboration de Palmer avec l’association Académie Younus. Celle-ci propose à des jeunes une première expérience dans les vignes », explique Sabrina Pernet, directrice technique du site.

C’est donc de façon fortuite que l’artiste a rencontré ces jeunes en insertion professionnelle en pleines vendanges. « Ils se promenaient un peu partout, comme des petites plantes plantées dans les vignes. Puis, on a commencé à faire des photos ensemble. Ce sont des portraits assez simples et naturels. Après, ce n’était pas un travail, on va dire « corporate », sur le travail dans les vignes. L’idée était de faire des portraits et de montrer l’interaction de l’humain avec la nature. »
Résultats : plusieurs tirages de différents formats, de type bâche 9 m sur 13, de la taille d’un drapeau, qui ont été imprimés. Ces derniers ont été dispersés dans le quartier du Grand Parc, qui fait donc office de galerie d’art en plein air jusqu’au 22 septembre. Henrike, y a également mêlé une autre série de photos dans laquelle elle fait intervenir la nature. Elle l’a appelée « L’arc sera parmi les nuages », rappelant l’histoire de Noé et qui porte un message de paix.

Adael Madi Abdou, 19 ans, à présent en service civique à l’Académie Younus, fait partie des modèles. Son portrait est accroché sur la façade de son bâtiment, lui conférant un sentiment de fierté. « J’ai directement accepté, parce que c’est une exposition sur nous, donc les gens du quartier. C’est un beau projet avec de belles photos. Je n’aurais jamais pensé qu’une chose comme ça aurait pu avoir lieu ici. Ça rajoute de la beauté en plus », dit-il.
Pour Henrike Stalh, il était évident que les portraits soient affichés dans le quartier du Grand Parc. C’est avec les jeunes qu’elle a par ailleurs élaboré la scénographie. « Je voulais, déjà, leur rendre la lumière, les mettre à la lumière, parce qu’ils m’ont beaucoup donné. Aussi, avec cette exposition, je voulais mélanger les gens puisque j’ai cru comprendre qu’il n’y a pas beaucoup de personnes d’autres quartiers qui viennent ici. J’ai donc envie que les gens qui habitent dans Bordeaux viennent ici, se promènent là », espère-t-elle.
Avec cette exposition, l’artiste a par ailleurs souhaité insuffler de « l’espoir et sauvegarder un petit peu de ce qui se passe de bien aujourd’hui. Parce que quand je me dis que, dans 300 ans, on va penser à notre époque, on va forcément parler des guerres qui ont lieu et de toutes les atrocités. Moi, je trouvais qu’il y avait beaucoup de bienveillance et d’humanité dans les vignes. Puis, en échangeant, en s’entraidant, on peut encore faire quelque chose et ce n’est pas du tout fini ».