Ce matin, dans l’arrière-boutique d’un primeur de quartier du 17ᵉ arrondissement de Paris, on entend des voix discrètes, curieuses. Dix collégiens en classe de 3ᵉ “prépa-métiers”, venus du lycée Henri Matisse à Trappes (78), enfilent leur tablier et s’apprêtent à plonger dans l’univers des métiers du commerce alimentaire spécialisé.
Du 31 mars au 4 avril, ces jeunes ont participé à une semaine d’immersion auprès de professionnels : caviste, crémier-fromager, épicier spécialisé et primeur. Cette initiative est portée par la Branche des Métiers du Commerce de Détail Alimentaire Spécialisé, en partenariat avec l’association Un Stage Et Après (USEA).
Objectif : transmettre, susciter et convaincre
Le secteur cherche des bras, mais surtout des vocations. Et ce n’est pas si simple. Malgré un quotidien riche en contacts humains, en lien avec produits passionnants et en savoir-faire, le recrutement reste un défi. Pourtant, une étude menée par Néno révèle que 57 % des jeunes de 14 à 17 ans se disent prêts à envisager une carrière dans ces domaines. Parmi les plus plébiscités : le métier de primeur. « Quand on pense commerce, on pense grande distribution. Là, on leur montre qu’il y a autre chose : du conseil, du goût, du lien avec les clients », explique Cindy Levy, qui travaille chez le primeur POMI.
Chaque demi-journée a ainsi été pensée pour éveiller l’intérêt des jeunes : stages chez des professionnels, visite du Marché de Rungis, découverte d’un marché de plein vent, ateliers fruits et fromages… Le tout en alternant terrain et moments de réflexion sur les formations possibles, notamment en apprentissage ou en alternance.
Pour la Branche, l’enjeu est double : redonner envie et mettre fin aux préjugés. Ces métiers sont accessibles avec ou sans diplôme, misent sur la motivation et offrent de réelles perspectives d’évolution. Encore faut-il que les jeunes en aient conscience. D’où cette immersion.
À la fin de la semaine, certains sont repartis avec des étoiles dans les yeux. D’autres, peut-être pas convaincus. Mais tous auront vu, touché, ressenti. Et cela est déjà un premier pas.