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Les évolutions de la bio à la lumière de l’histoire de l’alimentation

À la lumière de son ouvrage "Une Histoire politique de l'alimentation", le politologue Paul Ariès analyse les grandes évolutions et les perspectives de la bio.
Un vieu tracteur rouillé est posé au milieu d'une prairie aux herbes hautes et jaunies
© kat7213 / Adobe Stock
Journaliste

Politologue, Paul Ariès estime que “la façon dont on passe à table – plus que le contenu de l’assiette – détermine notre type de civilisation”. Dans l’histoire contemporaine, il voit deux révolutions alimentaires en cours. Au-delà du bio, il y a celle du contenu de l’assiette, de son industrialisation, sa “dénaturation” selon ses termes.

La seconde révolution est celle du rapport à l’alimentation. “On voit la destructuration de la table, sa dé-symbolisation”, analyse ainsi l’auteur d'”Une Histoire politique de l’alimentation”, publié aux éditions Max Milo. Selon lui, “on mange de plus en plus n’importe quoi, n’importe comment, n’importe où avec n’importe qui”. Pourtant, à travers l’histoire, la table était centrale notamment dan l’Égypte antique où la table était “conçue comme un langage”. Un seul hiéroglyphe représentait d’ailleurs manger et parler.

La bio, une réponse aux crises

Face aux crises environnementales actuelles, l’agriculture bio peut être la réponse, selon Paul Ariès. “Ce sera la meilleure des choses, si la bio est la promotion d’une agriculture et d’un élevage paysans reposant sur des petites fermes polyvalentes, de proximité et développant l’agroécologie”. Il estime qu’il faut éviter “la pire” des bios, celle de l'”illusion de consommer bio un produit qui aurait fait 8 000 km en avion disponible en hypermarché”.

Il constate le recul du chiffre d’affaires mais “encore, plus grave, du nombre de nouveaux consommateurs et le secteur le plus touché est celui des fruits et légumes”. Si Paul Ariès avance la baisse du pouvoir d’achats et les labels trompeurs, il estime qu’il y a deux autres causes. Il dénonce “une forme du cannibalisme du bio par l’agriculture vegan qui apparaît comme plus branchée”. Il regrette aussi la “concurrence par l’agriculture locale” qui devrait être “bio et pas industrielle”.

L’histoire pour analyser la bio actuelle

Pour envisager le futur de l’alimentation bio, il plonge dans l’histoire et cite Condorcet. Le philosophe des Lumières pensait qu’il fallait “faire de l’alimentation l’alliance de la République des ventres et de la République de la tête.” Une vision à remettre au goût du jour “alors que nous avons une solution de plus en plus chosiste”, déplore le politologue.

Une analyse construite aussi de son observation des salons bio où les “amoureux de la bio achètent le produit le plus pur pour se purifier” alors que la bio doit être vue comme un projet de société “qui réussira quand elle s’adressera à monsieur et madame tout-le-monde”. L’une des clés se trouve dans la restauration collective et sociale dans les écoles, hôpitaux, entreprises…

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