Le Jardin pêcheur apporte job et dignité aux travailleurs handicapés

Le restaurant adapté emploie 80% de travailleurs handicapés. Il propose aussi des vins solidaires, produits dans différents ESAT français, y compris en Champagne.

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Jardin pêcheur : de véritables perspectives d’emploi 

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Jardin pêcheur : des salariés très motivés 

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Jardin pêcheur : du centre médico-social au restaurant adapté

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Pendant trente ans, Pierre Maly a travaillé dans le secteur médico-social. Il y a quinze ans, il est alors directeur d’un établissement en Dordogne. Il s’occupe d’adolescents avec des troubles du comportement.

“Ils ne relevaient pas des ESAT (Etablissement ou service d’aide par le travail, NDLR) mais n’arrivaient pas non plus à s’inscrire dans une entreprise ordinaire, raconte-t-il. Ils étaient nombreux à s’essayer aux métiers de la restauration. Et puisqu’ils ne trouvaient pas de travail, j’ai décidé de leur en donner, en créant une guinguette.” Le premier établissement s’installe à Trélissac, en Dordogne. Aujourd’hui, Pierre Maly est gérant bénévole du restaurant le Jardin pêcheur, désormais installé à Bordeaux. 

Des postes selon les personnes

Parmi ses employés, des personnes qui souffrent de déficiences auditives ou visuelles, et une majorité atteinte de problèmes psychiques. Le gérant joue à la fois sur les modulations d’horaires et de périodes dans la journée. Par exemple, pour ceux qui ont des angoisses vespérales, il faut faire avec le soleil. Un jeune autiste, aussi, pour qui le service n’était pas possible, s’occupe de la mise en place et réalise toutes les frites du restaurant. Il ne travaille que deux heures et demie chaque matin. 

“On a des salariés très engagés dans le travail qu’ils font. Ils viennent travailler pour la dignité de gagner leur vie”

Tous ont été formés grâce au concours de la Région Nouvelle-Aquitaine et de Pôle emploi, que ce soit au lycée hôtelier de Talence, à l’école des Criquets de Blanquefort ou encore au Cafa à Bordeaux, “qui a l’avantage d’accueillir les apprentis un jour par semaine, ce qui permet à quelqu’un qui a des difficultés de ne pas être noyé dans une semaine de formation. Ça permet également de pouvoir tout revoir dès le lendemain avec ceux qui ont rencontré des problèmes”. 

Vers plus d’inclusion

Un concept qui plaît à de plus en plus d’entreprises, qui se rapprochent de Pierre Maly pour lui demander des conseils : “Beaucoup ont envie d’une société plus inclusive, c’est en train d’incuber. C’est moins une formation clinique dont ils ont besoin que d’une formation de bon sens. Même si une petite formation clinique permet néanmoins de dépasser les a priori ou les non-dits, qu’il faut absolument mettre sous le tapis. Il faut avoir un dialogue très honnête, très franc.Sa femme Sylvie, aujourd’hui cheffe de cuisine, est par ailleurs psychologue clinicienne de formation. 

Le chômage des personnes en situation de handicap est deux fois et demie à trois fois plus élevé que celui des personnes valides. “Les employeurs trouveront leur compte à embaucher des personnes handicapées parce qu’ils trouveront des gens extrêmement déterminés. On entend beaucoup parler de restaurateurs qui ont des difficultés de recrutement, eh bien nous, nous n’en avons pas”, précise Pierre Maly. 

Et tout se passe très bien. “On a des salariés très engagés dans le travail qu’ils font. Ils viennent travailler pour la dignité de gagner leur vie. C’est ça qui fait citoyenneté. On accueille des stagiaires également, et je suis très fier de mes salariés parce que, malgré les difficultés qu’ils ont, ils sont capables d’aider des gens qui sont parfois encore plus en difficulté qu’eux. Cela témoigne de qualités personnelles qui se révèlent.” 

Ce contenu audio a été diffusé le 29 août 2022 sur AirZen Radio. Maintenant disponible en podcast sur airzen.fr, notre application et toutes les plateformes de streaming.

Par Florence Jaillet

Journaliste

Agence de communication Perpignan