Soyons plus attentifs aux poissons moches. C’est un peu le message que l’on peut retenir en lisant une étude publiée en juin dernier et réalisée par des chercheurs du laboratoire de biodiversité marine, exploitation et conservation de l’Université de Montpellier. Ils ont ainsi révélé un biais dans notre façon de protéger les poissons des récifs coraliens.
Concrètement, les poissons estimés comme les plus beaux sont également les moins en danger d’extinction. À l’inverse, les poissons « moches » apparaissent davantage dans la liste des espèces en danger. Il existerait donc un lien entre l’esthétique des poissons et la situation de leur population dans leur milieu naturel.
481 espèces analysées
Pour obtenir de tels résultats, les chercheurs ont demandé l’avis à 13 000 personnes pour estimer l’attrait esthétique de 481 espèces évoluant dans les récifs. Un algorithme analyse ensuite 4400 photographies regroupant 2417 espèces et se charge alors de créer des prédictions de valeur esthétique. Et, au final, il est possible de tirer le portrait-robot des poissons jugés comme beaux : colorés, brillants, un corps rond.
Un classement du plus beau au moins beau poisson que les scientifiques ont ensuite comparé à la liste rouge des espèces menacées de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).
Tisser un lien
L’étude nous invite aussi à réinventer la valeur culturelle de la biodiversité et au lien émotionnelle que nous tissons avec elle. Car plus nous chercherons à comprendre le fonctionnement des espèces, plus nous pourrons y trouver des moyens d’être fascinés et d’y trouver du beau.
De notre capacité à tisser un lien avec ces espèces dépendra également notre capacité et notre volonté à vouloir les protéger. Il faut donc être curieux et aller vers la nature pour mieux la connaître et dépasser ce biais de perception basé sur l’esthétique.