En cuisine, l’huile de friture fait partie de ces déchets dont on ne sait pas trop quoi en faire une fois utilisée. Ce qui est certain, c’est qu’il est interdit de la jeter dans l’évier afin de ne pas obstruer les canalisations. Le mieux est donc de la mettre dans un contenant hermétique qu’il est possible d’apporter à la déchetterie ou dans des bornes de recyclage dédiées. Du côté de Montpellier, deux femmes la récupèrent volontiers. Anne-Cécile Vain et Alliny Naves ont fondé en 2022 la Savonnerie Circulaire. L’entreprise transforme n’importe quelles huiles alimentaires déjà utilisées en savons ménagers biodégradables.
« Personnellement, l’idée m’est venue en lisant un livre sur comment faire ses savons soi-même. Il était indiqué que toute huile pouvait faire du savon. En réalité, tout corps gras peut faire un savon. Ça a fait tout de suite tilt. Je me suis renseigné et j’ai vu que ça se faisait à l’étranger », raconte Anne-Cécile. Du côté d’Alliny, c’est sa grand-mère qui employait déjà cette technique.
Les associées ne se connaissaient pas avant de se lancer dans cette aventure entrepreneuriale. Elles ont été réunies par leur projet commun. « Je suivais une formation étudiant entrepreneur. Lors d’un cours sur l’économie sociale et solidaire, l’intervenant qui faisait la présentation m’a dit qu’il accompagnait une porteuse de projet à Montpellier qui voulait faire la même chose », explique-t-elle.
Une démarche locale
Les fondatrices de la Savonnerie Circulaire récoltent entre 50 et 100 litres d’huile de friture uniquement auprès des commerçants montpelliérains, pour un souci de traçabilité, à l’aide d’un vélo électrique, dans un rayon de 25 km. Le service est gratuit pour les deux parties. « Il faut se représenter le marché du recyclage des huiles. Normalement, c’est collecté par des grandes entreprises. Le tout part soit près de Paris, à Dunkerque, ou en Belgique. Alors que, nous, on propose un recyclage local. C’est vraiment dans notre philosophie de rester à l’échelle locale et de distribuer localement. »
Une fois que l’huile arrive à l’atelier, s’enclenche un processus de purification et de saponification qui s’achève au bout de quatre semaines. Le tout, avec une formulation qui se veut la plus naturelle possible. Trois produits sont proposés par cette entreprise : du savon solide pour la vaisselle, des copeaux pour faire la lessive et un savon liquide multi-surfaces. D’ailleurs, qu’en pensent les consommateurs ? “Les gens ont parfois des a priori. Mais en fait, l’aspect recyclage les questionne sur les produits ménagers. Du coup, ils sont plutôt enthousiastes pour tester les produits et nos produits sont aussi efficaces.” Quant au prix, Anne-Cécile Vain souligne que ses savons sont dans les prix du marché.
