« Je me suis battue et j’ai eu envie de croire en moi », raconte Lucile Esgonnière du Thibeuf. À tout juste 28 ans (« et demi », précise-t-elle avec un sourire), la jeune femme a déjà eu plusieurs vies : de webdesigner à pilote de ligne en passant par hôtesse de l’air.
« Je suis née à Toulon, j’ai été élevée par une mère qui travaillait dans la communication », explique-t-elle. C’est donc tout naturellement qu’elle se dirige vers un métier créatif et commercial. Après une alternance en entreprise, elle fait la demande d’un échange en Australie.
De web designer à pilote de ligne
« Et là, cela a été une révélation », s’exclame Lucile. Sur place, elle voyage, fascinée par les paysages d’immensité. Elle se rend aussi en Indonésie, puis à Bali… « Le retour en France a été un peu compliqué, je ne voyais tout simplement pas ma vie derrière un bureau », soupire-t-elle.
Au détour d’une conversation avec l’une de ses tantes, hôtesse de l’air chez Air France, elle se laisse convaincre ! « Après une formation, mon premier vol avec la compagnie Corsair a été vers la Martinique, l’île de naissance de mon papa », s’enthousiasme Lucile qui croit beaucoup aux signes du destin.
« J’avais du mal à croire que j’étais payée pour autant voyager, mais quelque chose me manquait », confie-t-elle. Elle commence alors à se renseigner auprès des pilotes et se dit « et pourquoi pas moi ? ».
« Une sensation incroyable »
Lucile décide alors de redoubler d’effort pour, elle aussi, devenir pilote de ligne. Elle prend de nombreuses heures de cours dans un aéroclub de Perpignan, où elle rencontre un ancien commandant de bord : « Il a été un vrai guide pour moi », explique-t-elle.
Son tout premier vol seule dans un avion, lorsqu’elle a été « lâchée » par son instructeur comme on dit dans le jargon, elle s’en souvient avec émotion : « Beaucoup de stress, beaucoup d’intensité. Être son propre pilote, c’est une sensation incroyable », raconte l’aviatrice.
À tout juste 28 ans, elle décroche donc son brevet et obtient sa licence. Aujourd’hui, tout en occupant un poste d’hôtesse de l’air pour une compagnie de jet privés, elle candidate auprès de plusieurs maisons d’aviation pour obtenir un poste de pilote.
Une inspiration
« Il ne faut pas croire, c’est beaucoup d’efforts et de sacrifices, mais aussi beaucoup de barrières que je me suis mise à moi-même », se souvient la jeune femme qui n’a pas de bac scientifique et a dû travailler sans relâche pour obtenir sa licence.
Si elle devait s’adresser aux jeunes filles qui rêvent aussi d’être pilotes, elle leur dirait simplement de « croire en elles. Nous avons la chance d’être dans une période et une société qui nous y poussent, même s’il y a parfois quelques freins ». Aujourd’hui, seuls 3% des pilotes professionnels dans le monde des femmes selon l’Organisation de l’Aviation Civile Internationale. Elles ne représentent que 23% des métiers de l’aéronautique, et sont principalement présentes dans les filières commerciales, même si ce pourcentage a bien progressé en 10 ans.
Parmi ses inspirations, Jacqueline Auriol, première Européenne à avoir franchi le mur du son, en 1954 ; Caroline Aigle, première femme pilote de chasse dans les années 1990 ou encore Thomas Pesquet : « Il incite tellement de jeunes à aller au bout de leurs rêves », conclut-elle.