« L’accès à l’information environnementale est un droit garanti par notre Constitution », explique Anne-Lise Vernières, de l’association Quota Climat. Cet organisme, né lors des dernières élections présidentielles, mesure le traitement des sujets relatif à l’environnement, à la biodiversité et au dérèglement climatique dans les médias.
Récemment, l’association a travaillé avec l’institut Rousseau sur des préconisations soumises ensuite à un groupe de députés. « Ils pourront ou non s’en inspirer pour leur proposition de loi visant à mieux encadrer le climatoscepticisme dans la presse. »
Certains médias, climato-sceptiques ?
Le tableau n’est pourtant pas si noir, selon Anne-Lise Vernières. « De nombreux médias traitent très bien les sujets autour de l’écologie, et ce, de façon transversale. Plus de 2 000 journalistes et des rédactions entières ont par ailleurs signé la Charte pour un journalisme à la hauteur de l’urgence écologique. » Ceci dit, l’effort n’est pas encore universel ni partagé par l’ensemble des médias.
« Certains traitent les sujets de façon partielle ou n’en parlent pas au mieux. D’autres vont à rebours de la prise de conscience nécessaire et mettent en doute le consensus scientifique, au pire. Or, un consensus scientifique n’est pas à mettre dans la balance avec un avis ou une opinion. Surtout quand il s’agit de l’impact de l’activité humaine sur notre planète. »
Renforcer les pouvoirs de l’ARCOM
On se souvient, par exemple, de l’altercation entre le journaliste Pascal Praud et l’eurodéputée Claire Nouvian sur CNews en 2019.
« À l’époque, de nombreux citoyens avaient saisi l’ARCOM (ex CSA, NDLR). Mais l’autorité n’avait pas pu statuer car, en matière d’écologie, il ne peut pas faire grand-chose », explique-t-elle. L’idée serait donc de renforcer, sur le plan législatif, les prérogatives de l’ARCOM. Et que l’organe puisse statuer et sanctionner un média pour des propos climatosceptiques, comme il peut le faire pour des propos racistes ou homophobes.
Garantir la liberté de la presse
Autre levier d’action : les chartes déontologiques. Elles sont obligatoires depuis la loi Bloche. Selon Anne-Lise Vernières, les indications sont assez libres. L’association suggère donc de renforcer les textes sur les questions relatives à l’information environnementale.
« Il s’agirait de grands principes. L’idée n’est pas d’être trop intrusif dans les lignes éditoriales et de garantir la liberté de la presse », dit-elle. Pas de sanction ou d’obligation de rendre des comptes, donc. « Mais la possibilité pour les journalistes de se retourner contre les organes de direction si les chartes de déontologie ne sont pas respectées. »