En France, l’intérêt pour le sujet des bénéfices du sport sur la santé a pris un essor plus important il y a plus d’une centaine d’années. En 1870, explique le Docteur Deny Barrault – médecin du sport à Sens (Yonne), membre et ancien président de la Société française de médecine du sport et du Conseil national professionnel de médecine du sport, ex-médecin des équipes de France de judo et président de l’Université virtuelle de médecine du sport, sous l’égide de l’université francophone du Caire – après une défaite militaire de la France, le bataillon de Joinville a été chargé de réfléchir à la santé des soldats, afin de trouver le moyen de les rendre plus vaillants au combat. C’est de cette école de Joinville que découle la création de l’Institut national du sport, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, devenu l’INSEP, l’Institut national du sport, de l’expertise et de la performance, en 1975.
“Au début du XXe siècle, il y a eu un engouement certain pour le sport organisé et compétition”, continue le docteur Deny Barrault. “C’est à ce moment-là que se sont créées toutes les grandes fédérations sportives, comme celles du football et du rugby, sans oublier l’organisation des Jeux olympiques en 1924 à Paris. Ceci a donné des idées d’études aux physiologistes et scientifiques, qui se sont aperçus que le sportif n’est pas seulement un homme sain, par opposition à l’homme malade. Des travaux ont ainsi été lancés autour de la santé du sportif, essentiellement dans le domaine cardiovasculaire et respiratoire, puis dans celui du fonctionnement du muscle à l’effort dans les années 1970.”
Des bienfaits à tous les niveaux
C’est ainsi que l’on sait aujourd’hui que la pratique d’un sport ou d’une activité physique améliore la santé au niveau cardiovasculaire, respiratoire, mais aussi endocrinien et métabolique. “On peut compléter la liste par des effets mentaux, comme de se sentir mieux, plus actif, plus dynamique.” Les bénéfices sont très nombreux. À tel point que de multiples travaux ont été publiés par d’éminentes autorités, comme l’étude de l’Inserm, l’Institut national de la santé et de la recherche médicale, sur les bienfaits de l’activité physique publiée en 2008.
Concrètement, la pratique sportive permet d’augmenter la masse musculaire du cœur. Puisqu’il est plus gros, il peut se contracter avec beaucoup plus d’efficacité pour activer la circulation. Cela renforce ses capacités de diffusion des globules rouges dans tout l’organisme, lesquels portent l’oxygène aux organes et aux muscles, qui vont capter cet oxygène pour venir dégrader le glucose, en d’autres termes les graisses. Au niveau du foie, en particulier, sont secrétées les hormones qui vont réguler la glycémie. La pratique sportive permet alors un effet anti-diabète, de réduction de l’hypertension artérielle et donc de risques d’AVC.
Mais l’effet bénéfique ne s’arrête pas aux graisses. L’oxygène absorbé au cours de l’effort va irriguer tous les organes, notamment le cerveau. En apportant davantage d’oxygène au cerveau, on améliore son fonctionnement, ce qui permet de mieux travailler et d’emmagasiner les informations avec plus de facilité.
En pratiquant une activité physique, nous sommes aussi plus détendus. Les soucis ou insomnies sont liés en général à un fonctionnement insuffisant du cerveau et à l’hypertension artérielle. Si vous avez déjà préparé votre organisme grâce à l’activité physique, il répond mieux aux situations stressantes et vous avez donc moins de complications liées au stress.”
Et pour ce faire, le vélo et la marche à pied sont les meilleurs sports pour leurs bienfaits sur la santé, mais également car ce sont des activités simples et gratuites dans lesquelles on peut se lancer quelle que soit sa condition physique ou son âge. “On peut tout à fait se déplacer tranquillement à vélo, sans parler d’intensité.”
Actifs sans s’en rendre compte
C’est d’ailleurs par la pratique du vélo que l’on rééduque les patients après un infarctus, par exemple. “On utilise alors un vélo de salon, on regarde comment le cœur se comporte et s’il n’y a pas de complications cardiaques au cours de l’effort, on règle l’intensité, puis on laisse les gens faire du vélo dans la nature comme ils le souhaitent”.
L’activité physique peut se faire aisément à l’occasion de nos déplacements. Quoi de mieux pour cela que le vélo ou la marche à pied ? “Mais il ne faut pas se limiter à cela. Il faut monter les étages à pied plutôt qu’en ascenseur, ne pas hésiter à sortir par tous les temps pour aller faire ses courses. Il faut bouger. Il est facile de faire trente minutes d’activité physique, notamment de les fractionner. Vous n’êtes pas obligé de les faire en une seule fois”, conseille le docteur Barrault. De quoi ne plus hésiter à sortir son vélo ou de bonnes chaussures de marche pour se rendre au travail.