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Pour une montagne durable et résiliente face au réchauffement

Pour Valérie Paumier, fondatrice de Résilience Montagne, il est nécessaire de mettre un terme au « tout ski ». Il faut reconsidérer nos massifs comme des lieux de biodiversité, de vie et d’activités variées.
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© savoieleysse/Adobe Stock
Journaliste

Quel avenir pour nos montagnes ? La question se pose alors qu’avec l’accélération du réchauffement climatique la neige se fait de plus en plus rare. Si bien que le modèle, bien que très lucratif, du « tout ski » serait à remettre en cause.

S’il draine quelque 15 milliards d’euros par an, soit 15% des revenus touristiques en France, il ne profite aujourd’hui qu’à une clientèle étrangère haut de gamme. Pour Valérie Paumier, fondatrice de l’association Résilience Montagne, il est urgent de repenser complètement notre rapport aux massifs montagneux. Rencontre.

AirZen Radio. Partons d’un constat : la neige deviendra bientôt une denrée rare. Dans quelle mesure cela impacte nos montagnes ?

Valérie Paumier. Oui, c’est triste, mais c’est une réalité. La neige se fait de plus en plus rare. Le réchauffement climatique a des conséquences deux fois plus importantes sur les hauteurs qu’en plaine. Avec la fonte de glaciers, les prévisions ne sont pas au beau fixe. Pour autant, les stations de ski ont décidé de conforter leur modèle économique. Et donc d’investir dans la neige artificielle. Cela peut se comprendre, mais c’est une vision trop court-termiste et, surtout, coûteuse pour notre environnement.

Quelle est la part de neige réelle par rapport à la neige artificielle aujourd’hui ?

On peut dire que les domaines skiables français ont un taux de couverture en neige artificielle à un peu moins de 40%. Le projet, tel qu’il est annoncé, est d’augmenter ce taux à 70%. Car il y a moins de jours de froid, plus de vagues de chaleur, un 0 degrés qui remonte toujours un peu plus, un nombre de jours de neige qui diminue, on a une ressource en eau contrainte… La neige devient une matière transformée, non plus une matière première.

Qui est concerné par le ski aujourd’hui ?

Les chiffres varient. Mais on estime que 7% des Français skient. La clientèle est de plus en plus lointaine. Pourquoi ? Parce que tous ces investissements qui consistent à conforter le modèle sont très coûteux. Donc, automatiquement, pour les amortir, il faut monter les prix des forfaits, des logements, de la vie sur place. Ce qui prive certaines personnes d’y avoir accès.  

Existe-t-il des solutions alternatives ou doit-on complètement repenser le modèle ?

On doit le repenser. Évidemment, il faut traiter chaque territoire de façon singulière. Un village de moyenne altitude souffre déjà beaucoup du manque de neige et doit donc revoir les choses. La question se pose beaucoup moins pour des stations alpines de très haute altitude.

Est-ce qu’on retrouvera un modèle autant bénéficiaire ? Non. Mais on peut attirer à nouveau à la clientèle française et ce serait déjà super. On pourrait déjà stopper la hausse des prix du foncier en permettant à plus de monde de s’installer. On pourrait aussi adapter nos villages aux quatre saisons, en proposant des activités d’eau, de trail, de randonnée, de VTT, de ski de randonnée.

A-t-on des exemples de reconversion réussie ?

Oui, la station de Métabief, dans le Jura, a décidé de passer le cap. Elle arrête les investissements du tout ski et essaie de faire travailler ses habitants. Avec une question : quelle image, quelle histoire on a envie d’inventer pour notre coin de terre ?

Vous n’avez pas toujours œuvré pour protéger les montagnes. Que faisiez-vous avant ?

C’est vrai. J’ai opéré un virage à 360. Je suis née en 1969, un moment où on ne parlait pas de réchauffement climatique. J’ai fait une école de commerce avant de partir travailler en Afrique et à Hong Kong. Puis j’ai travaillé dans la promotion immobilière, où j’étais chargée d’investir activement en montagne, un marché très lucratif. Jusqu’à ce que j’ai eu la chance d’assister à une conférence de Jean-Marc Jancovici et décidé d’arrêter.

Je me dis que je viens de l’autre côté du miroir, d’une époque où on est dans le déni. Mais c’est vrai qu’une fois qu’on sait, on ne peut plus revenir en arrière. Aujourd’hui, je n’ai de cesse que d’essayer d’informer.

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