Arctique : la glace de mer fond trop vite, comment agir ?

Selon une étude publiée dans “Nature”, il n’y a déjà plus d’espoirs pour sauver les glaces de la mer arctique qui se réduisent chaque année en septembre. Elles pourraient disparaître avec 10 ans d’avance. La glaciologue Heïdi Sevestre invite au sursaut pour les sauver.

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La banquise fond l’été en Arctique : comment peut-on agir ?

La banquise fond l’été en Arctique : comment peut-on agir ?

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La banquise Arctique est “notre meilleur climatiseur”

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L’océan glacial arctique fondra en été dès 2030, pourquoi et comment ?

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« C’est un écosystème merveilleux. C’est calme. On a l’impression que cette nature retient son souffle quand on navigue dessus. Il y a aussi une faune et une flore incroyables. » Heïdi Sevestre a des étoiles pleins les yeux lorsqu’elle parle de la banquise arctique.

La tristesse de la glaciologue a donc été d’autant plus importante lorsqu’elle a pris connaissance d’une étude scientifique publiée récemment dans la très sérieuse revue “Nature“. 

Pourquoi la banquise va-t-elle disparaître sous nos yeux ?

C’est pendant le mois de septembre que la banquise arctique devrait disparaître lors de la prochaine décennie. Soit 10 ans plus tôt que ce que le Giec avait prévu. « Septembre est un point de référence pour les glaciologues. C’est à cette période de l’année que la glace se raréfie le plus », explique-t-elle.

Aujourd’hui, elle représente une surface de 14 millions de kilomètres carrés. Demain, il en restera moins d’un million pendant cette période, et ce, dès 2030. N’en déplaise aux climato-sceptiques, la disparition de la banquise d’été est la cause directe de l’activité humaine, selon l’étude. « La température augmente deux fois plus vite dans les glaciers et les montagnes par rapport au reste du monde à cause de nos émissions de gaz à effet de serre », explique Heïdi Sevestre qui a passé sa vie à les observer.

Parajumpers

Le problème, c’est que cette fonte est inéluctable. Selon les scientifiques, quelle que soit la trajectoire de réduction de nos émissions de carbone, cette glace fondra. « Il ne faut pas pour autant baisser les bras car nous devons impérativement réussir à la sauver le reste de l’année », urge la glaciologue.

Une fonte inéluctable ?

« L’océan glacial arctique abrite en son sein le phytoplancton, qui est à la base de la chaîne alimentaire de tous les océans », détaille Heïdi Sevestre. Et c’est un argument parmi tant d’autres pour expliquer l’importance et le rôle clé de cette banquise pour la survie de toutes les espèces, l’humanité comprise.  

En effet, cette glace joue un rôle essentiel dans la régulation du climat mondial. La banquise réfléchit les rayons du soleil. Sa fonte entraînera donc une hausse des températures globales. Mais aussi une élévation du niveau des mers. Sa disparition pourrait aussi inévitablement entraîner des événements météorologiques extrêmes sur le reste du globe. On pense par exemple à des canicules, des tempêtes, des inondations ou bien encore à des incendies à répétition. Sans parler du dégel du permafrost, sorte de congélateur géant, qui contiendrait des virus mais aussi des doses de carbone supérieures à ce qu’émet l’Inde aujourd’hui.

Heïdi Sevestre sur Blast

« Les risques sont multiples et vertigineux. Mais il n’est pas trop tard pour agir et préserver ce qui peut encore l’être. Il s’agit de l’effondrement d’un pilier important du climat et de la biodiversité. Ne nous voilons pas la face, c’est un coup dur. Mais il existe tout un tas d’autres piliers climatiques sur lesquels nous avons encore le pouvoir d’agir pour vivre mieux », explique la scientifique.

Comment agir à son échelle ?

Selon Heïdi Sevestre, la clé, c’est l’information. « On peut déjà s’instruire sur notre impact. Quand on sait à quelle hauteur nous polluons, nous pouvons prendre des décisions pour adapter notre quotidien et le rendre plus résilient. » Pour elle, pas question de demander aux plus précaires des efforts. « C’est aux plus riches de s’améliorer car ce sont eux qui émettent le plus de C02 via leurs voyages, leur consommation alimentaire ou d’eau. »

Heïdi Sevestre invite aussi à voter. « Et ce, à n’importe quelle échelle. Pour vos éco-délégués à l’école, à l’échelle de votre mairie ou aux élections présidentielles. Votez pour les programmes qui prennent en compte le réchauffement climatique et qui veulent agir. » À l’échelle individuelle, on peut réduire son empreinte carbone sur ses vêtements, sur les bâtiments dans lesquels nous vivons par exemple.

Heïdi Sevestre est aussi l’autrice de l’ouvrage “Sentinelles du climat”, publié aux éditions Harper Collins. Elle y raconte avec enthousiasme son passionnant métier, sa relation avec les glaciers mais aussi tous les changements dont elle est témoin depuis le début de sa carrière.

Ce contenu audio a été diffusé le 28 juin 2023 sur AirZen Radio. Maintenant disponible en podcast sur airzen.fr, notre application et toutes les plateformes de streaming.

Par Olivier MONTEGUT

Rédacteur en chef adjoint

Agence de communication Perpignan