Occitanie : la maternité d’Elne, lieu de paix par et pour les femmes

Dans ce bâtiment classé monument historique, des centaines d’enfants ont été mis au monde pendant la guerre d’Espagne et le conflit de 39-45.

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Qui sont ces Catalans qui ont fait l’Histoire ?

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Maternité suisse à Elne : un havre de paix

Maternité suisse à Elne : un havre de paix

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Qui était Elisabeth Eidenbenz, la résistante qui sauva 600 femmes

Qui était Elisabeth Eidenbenz, la résistante qui sauva 600 femmes

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Un bâtiment de pierres et de briques, entouré d’un parc arboré. Bienvenue à la maternité Suisse, à Elne, au sud de Perpignan. Un lieu chargé d’histoire, de belles histoires.

L’édifice, surmonté d’une splendide verrière, a été acheté en 2005 par la commune d’Elne. Puis classé monument historique en 2013. La maternité Suisse reste encore aujourd’hui un témoignage vivant de l’entraide, de l’engagement de la détermination de jeunes volontaires d’associations humanitaires.

Un havre de paix historique

Son histoire démarre au début de l’année 1939, au moment de la Retirada. Près de 500 000 Espagnols et Catalans quittent alors leur pays et se réfugient en catastrophe dans les Pyrénées-Orientales. Alors que le danger est là, le courage de quelques-uns, surtout de quelques-unes, permet de sauver de nombreuses vies.

C’est d’abord à Elne, au château d’En Bardou, qu’une jeune femme, Elisabeth Eidenbenz, a mené un combat acharné pour sauver un maximum de déplacés. Principalement des femmes enceintes ou avec un enfant en bas âge.

Elisabeth est suisse allemande. Elle est originaire de Zurich. Volontaire au sein de l’association du Secours Suisse aux Enfants d’Espagne, elle permet l’ouverture de la maternité Suisse d’Elne en décembre 1939. Elle la dirigera jusqu’au printemps 1944, date à laquelle le bâtiment devra fermer sur ordre du gouvernement de Vichy.

Grâce à son dévouement, près de 600 enfants d’une dizaine de nationalités différentes ont vu le jour au sein de cette maternité. Et un millier de femmes et autant d’enfants y ont été accueillis à cette période. Parmi eux, une majorité de républicaines espagnoles ou raflées juives internées dans les camps d’Argelès, de Saint-Cyprien et de Rivesaltes, dans des conditions terribles.

600 mères et enfants sauvés des Nazis

« C’est un petit bout de femme, mais qui avait un sacré charisme. Elle était une résistante dans l’âme », explique Hélène Legrais. Cette journaliste, passée par les grandes rédactions parisiennes et spécialiste de l’histoire catalane, a dressé son portrait dans des ouvrages : “Ces Catalans qui ont fait l’histoire” (éd. Papillons rouges) et “Les Enfants d’Elisabeth” (éd. Presses de la cité).

“Elle a toujours joué sur sa nationalité suisse pour faire croire aux Nazis que la maternité était un lieu neutre. Qu’ils n’avaient donc pas le droit de venir y chercher des femmes. Elle cachait les mères juives et les aidait à accoucher. Pas une femme sous sa direction n’a été enlevée. À l’exception d’une, Lucie, une mère juive qui a accouché d’un bébé mort-né. Ce sont les Allemands qui l’avaient envoyée à la maternité pour piéger Elisabeth. Elle a bien tenté de partir à sa place, mais Lucie s’y est opposée le jour où les officiers sont venus. C’est le plus grand regret de sa vie”, explique-t-elle.

Aujourd’hui, la maternité d’Elne abrite de nombreuses expositions et rencontres littéraires. La dernière en date, le 14 mai 2023, a notamment accueilli plusieurs figures de la résistance. Parmi lesquelles Josette Torrent, plus jeune résistante de France, qui a récemment partagé son témoignage dans un livre.

Ce contenu audio a été diffusé le 02 juin 2023 sur AirZen Radio. Maintenant disponible en podcast sur airzen.fr, notre application et toutes les plateformes de streaming.

Par Olivier MONTEGUT

Rédacteur en chef adjoint

Agence de communication Perpignan