Transformer l’espace médiatique pour la sensibilisation climatique

Selon l’association Quota-Climat, une couverture plus large et plus qualitative des enjeux environnementaux pourrait stimuler la prise de conscience publique et politique.

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Pourquoi avoir lancé Quota Climat

Pourquoi avoir lancé Quota Climat

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Comment bien traiter du climat dans les médias

Comment bien traiter du climat dans les médias

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Pourquoi mettre des quotas

Pourquoi mettre des quotas

04:02

En 2022, seuls un peu plus de 10% de la population française affirmait être parfaitement au courant de la problématique du changement climatique. Ceci, alors que, selon un rapport du GIEC, les médias ont une importance capitale dans la compréhension et l’engagement du public à l’égard de cette question environnementale. Or, la crise écologique occupait moins de 3% de l’espace médiatique lors de cette année présidentielle en France.

C’est la raison pour laquelle Eva Morel et Anne-Lise Vernières ont créé Quota-Climat, qui souhaite interpeller sur la faible place de la crise écologique dans les médias. 

AirZen Radio. Vous demandez aux responsables de presse de consacrer 20% de l’espace médiatique aux enjeux environnementaux. Pourquoi pensez-vous que des quotas amèneront le public et les politiques à mieux prendre conscience des questions climatiques ? 

Anne-Lise Vernières. C’est vraiment un enjeu pour nous. Avec Eva Morel, la cofondatrice de Quota Climat, nous sommes assistantes parlementaires. Nous produisons des notes sur des sujets climatiques très précis pour des élus qui peuvent être appelés à s’exprimer dans les médias. À force de discuter avec les journalistes, nous avons remarqué que les questions sont souvent dictées par une tendance médiatique. Par exemple, pendant la campagne présidentielle, il y a eu une montée en puissance des questions d’immigration et de sécurité. Les questions ne devaient tourner qu’autour de ça. Les journalistes ne prenaient pas l’initiative d’introduire des sujets qui étaient, objectivement, autant voire plus importants. D’autant plus que l’immigration peut être liée au climat.

Donc, ils ne mettent pas la pression sur le personnel politique. Or, il y a vraiment un lien entre le traitement médiatique et la compréhension de ces enjeux par l’opinion publique. Si les médias et la population appréhendent convenablement ces problématiques, ils pourront mettre la pression sur les responsables politiques. Et inversement. Si la population est plus consciente de ces enjeux, elle acceptera plus facilement les recommandations ou les solutions proposées par la puissance publique pour y répondre. 

Vous souhaitez aussi que ces enjeux soient davantage mais aussi mieux traités. Comment bien traiter un sujet sur le climat ?

La quantité, c’est bien, mais ça ne suffit pas. Il faut aussi du qualitatif. Pour cela, déjà, il est très important d’avoir une méthodologie qui se réfère à la parole des experts. Ensuite, on peut parler de ces sujets de manière transversale. Nous avons remarqué que, le plus souvent, ces sujets sont réservés à des rubriques très précises. Or, si vous n’êtes pas déjà sensibilisé à ces questions, vous n’allez pas aller chercher des réponses dans ces rubriques. Quel que soit le débat, économique par exemple, la variable climatique est vraiment fondamentale.

La Banque centrale européenne prévoit que d’ici 2100, en raison et en fonction du dérèglement climatique, on pourrait perdre jusqu’à 10 points de PIB. Une étude en Allemagne a montré que dans ce pays, les catastrophes climatiques pourraient coûter jusqu’à 1000 milliards d’euros d’ici 2050. Or, ce sont des sujets économiques dont nous ne parlons pas du tout.

Enfin, un dernier levier se trouve dans la publicité. Elle peut provoquer une dissonance si les médias en diffusent pour promouvoir des projets qui peuvent avoir un impact négatif sur l’environnement. 

Quels pourraient être les bénéfices d’un meilleur traitement ?

Je pense sincèrement qu’ils seraient nombreux. Renouer la confiance du public dans les médias. Arrêter d’être anxiogène et dans l’actu chaude. Par exemple, l’été dernier avec les incendies dans le Sud-Ouest, insister sur la persistance de ces méga feux n’apportent pas grand-chose au grand public. En revanche, traiter ces enjeux de façon approfondie, en expliquant les causes, les conséquences et les solutions pour les éviter ou les réduire est beaucoup plus constructif.  

Quelle est l’importance de rester positif dans le traitement médiatique ? 

Je crois beaucoup aux nouveaux imaginaires. Présenter l’avenir comme il serait si nous faisions correctement la transition de façon positive. Il faut montrer que se mettre en mouvement et agir pour elle peut être bénéfique sur beaucoup d’aspects. Sur l’emploi, l’économie, sur notre santé et notre bien-être général, y compris celui de notre société. Sans oublier que présenter le futur de la sorte pourrait soulever des enthousiasmes et nous galvaniser pour que nous passions à l’action. Ce qui est nécessaire. 

Ce contenu audio a été diffusé le 02 juin 2023 sur AirZen Radio. Maintenant disponible en podcast sur airzen.fr, notre application et toutes les plateformes de streaming.

Par Frederik HUFNAGEL

Rédacteur en chef

Agence de communication Perpignan