La Diagonale du plein nous (re)donne les clés de notre mobilité

Vingt-quatre équipes travaillent cette année à travers la France à la conception de nouveaux véhicules plus légers et plus vertueux, à la frontière entre la voiture et le vélo électrique.

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Diagonale du plein : un vélo au design de voiture

Diagonale du plein : un vélo au design de voiture

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Diagonale du plein : démultiplier le concept

Diagonale du plein : démultiplier le concept

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Diagonale du plein : se réapproprier sa mobilité

Diagonale du plein : se réapproprier sa mobilité

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“Imaginez deux vélos qui se sont mariés et qui, par soudure, sont devenus une voiture, avec un guidon, deux roues de vélo à l’avant et deux roues à l’arrière, deux chaines avec des pédaliers, un début de carrosserie, un pare-brise, un toit, un coffre, équipés d’un moteur électrique qui pèse moins de 100kg”. Voilà la description du vélo-car dans lequel Julien Dossier a traversé la France l’année dernière, entre Concarneau et Arles.

C’est ainsi qu’est née la Diagonale du plein, nommée en référence à la diagonale du vide, terme qui, en géographie, qualifie la zone de déprise de population qui traverse l’Hexagone du nord-est au sud-ouest. Lorsqu’il établit son parcours, une autre diagonale qui croise celle du vide, elle deviendra celle du plein.

Simplifier à l’extrême les solutions de mobilité

Expert en conseil de stratégies de neutralité carbone, conférencier, auteur, “Renaissance écologique – 24 chantiers pour le monde de demain”, publié Actes Sud, Julien Dossier travaille depuis près de 20 ans dans le domaine de l’écologie, gérant notamment la société Quattrolibri. “L’objectif était d’incarner une vision de la mobilité que je développe depuis longtemps. J’ai pensé qu’il était maintenant nécessaire d’en faire la démonstration. L’impact est plus grand quand on en fait l’expérience”, raconte-t-il. 

Dans une fresque qu’il a longtemps présentée au public sous forme d’ateliers, figurant un monde qui a réussi à rester en dessous d’une augmentation de la température d’un degré et demi, il avait fait dessiner une voiture avec une remorque pour montrer que l’on pouvait simplifier à l’extrême une solution de mobilité. “C’est là que je me suis dit qu’il fallait vivre l’expérience, que ce qu’on racontait dans les ateliers, on pouvait le faire vivre très vite.” 

En moins de 4 mois, le projet était monté. Julien Dossier arrive à Arles le 21 août 2023, après avoir parcouru 1200 km comme prévu, au terme de 24 étapes. Le pari est relevé. L’expérience peut continuer.

Désormais, pour lui, face à l’urgence climatique, il faut changer de mobilité d’action, réinventer, partir de solutions qui peuvent marcher partout et vite. Ce vélo-car, monté en 21 jours et sa remorque soudée en 4 jours avec des matériaux à portée de main, assemblé dans un ESAT, par une équipe de personnes en situation de handicap, peut se monter absolument partout.

Seulement, impossible pour lui de porter seul la bonne parole. Alors, avec ses partenaires Harmonie Mutuelle et l’ADEME, l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie, qui a notamment lancé l’Extrême défi, il change d’échelle et se lance dans l’idée de démultiplier l’expérience, en mettant sur pied 24 équipes à travers la France, qui vont créer simultanément d’autres véhicules intermédiaires du même acabit. Seul impératif : proposer un véhicule tractant et une remorque qui puisse s’atteler partout, sur un vélo musculaire, comme sur un vélo à assistance électrique, un vélo cargo, un vélo-car ou n’importe quel véhicule intermédiaire.

Un projet au service des acteurs locaux

“C’est ce filtre qui m’a motivé. Le gabarit, le cahier des charges doivent pouvoir être applicables partout. On doit avoir de solutions qui partent des territoires pour ne mettre personne sur le bas-côté, pour ne pas limiter les solutions aux plus riches.”

Des acteurs locaux ont été repérés, qui mènent déjà des activités et des projets d’animations, une ludothèque, un projet d’école mobile, des entrepreneurs, des professions libérales. Le projet se veut au service d’acteurs très différents. 

“C’est très libérateur ! Ce sentiment de réappropriation nous donne envie d’aller plus loin. Ça ne coûte pas cher, ça fait du bien, ça créé de l’emploi, ça modifie la dynamique des territoires et ça nous permet de nous rapprocher les uns des autres dans un élan où on se sent solidaires et efficaces.” Objectif : multiplier par 24 chaque année les équipes jusqu’à viser plusieurs groupes dans chaque commune de France, voire même à l’échelle européenne.

Un challenge auquel nous pouvons tous participer. “C’est une plateforme. On est au service des récits, des idées des gens qui nous écoutent. Vous avez un bout d’histoire à partager avec nous, avançons ensemble”, encourage Julien Dossier. Le prochain grand rendez-vous national se déroulera le 24 octobre à Bourges. 

Ce contenu audio a été diffusé le 05 mars 2024 sur AirZen Radio. Maintenant disponible en podcast sur airzen.fr, notre application et toutes les plateformes de streaming.

Par Florence Jaillet

Journaliste

Agence de communication Perpignan