Animateur de mobilité à vélo, un métier qui a le vent en poupe

Adrien Poirrier exerce le nouveau métier, bien que déjà répandu dans le milieu associatif, d’animateur de mobilité à vélo en Bretagne. Il a pour projet de créer la première maison du vélo en milieu rural.

Réécouter en podcast

Animateur de mobilité à vélo : un métier récent

Animateur de mobilité à vélo : un métier récent

02:01

Animateur de mobilité à vélo : un apprentissage complet

Animateur de mobilité à vélo : un apprentissage complet

03:56

Créer une maison du vélo en milieu rural

Créer une maison du vélo en milieu rural

00:00

“J’ai souvent pour habitude de dire, pour que ça soit plus compréhensible, que je suis moniteur de vélo école. Et pour le coup, c’est assez vrai !”, raconte Adrien Poirrier, animateur de mobilité à vélo, pour le compte de la Maison du vélo de Rennes. En effet, s’il est nécessaire d’avoir un permis pour conduire une voiture, ce n’est pas le cas pour rouler à vélo. Ce qui n’empêche pas de connaître les fondamentaux, ni de savoir évoluer en toute sécurité, pour soi et les autres. C’est là qu’Adrien et ses confrères interviennent. Car, depuis 2019, les enfants de 3ᵉ cycle, c’est-à-dire en classe de CM1, CM2 et sixième, ont l’obligation de suivre une formation pour apprendre à être autonomes à vélo, ce qu’on appelle le “savoir rouler à vélo”.

Le métier émerge alors, bien que, dans le milieu associatif, il soit déjà présent, puisque des cours pour apprendre aux enfants comme aux adultes à faire du vélo existent un peu, çà et là. “Traditionnellement, c’est un apprentissage qui se fait au sein des familles”, explique Adrien Poirrier. “Mais tout le monde n’a pas la chance d’avoir un proche qui peut lui apprendre et les parents ne sont pas les mieux placés, parce qu’ils stressent un peu, surprotègent, ou n’ont pas les petites astuces du métier. Et puis, on s’adresse aussi à des adultes qui, soit n’ont pas appris à faire du vélo dans leur famille ou leur pays d’origine, soit ne se sentent pas à l’aise dans la circulation parce qu’ils se sont déjà fait une frayeur et ont besoin d’être remis en selle, remis en confiance”.

Le “savoir rouler à vélo”

Un métier récent donc, mais qui a déjà bien évolué et sera encore amené à le faire, puisqu’il nécessite un cadre, une coordination. C’est pourquoi un Collectif des éducateurs vélo s’est constitué, lequel rassemble des professionnels originaires de toute la France, afin d’échanger et de réfléchir de concert à améliorer les pratiques.

Certaines communes ont même créé des pistes d’éducation routière spécialement dédiées, un outil très pratique puisqu’il permet de projeter les apprenants dans une situation de circulation, sans qu’il s’agisse de la circulation réelle. Ce qu’Adrien, lorsqu’il ne bénéficie pas de cet équipement, reproduit assez facilement. “Avant de se lancer dans le grand bain, on crée une mini-ville. Ce sont de bons outils pour apprendre à rouler à vélo, c’est-à-dire apprendre à se placer sur la chaussée, interagir avec les autres et rester en sécurité”.

Cette formation des jeunes générations est portée par une volonté politique, plus précisément par un Plan vélo lancé par le gouvernement en 2019. Cette idée cherche à répondre à différentes problématiques, celle d’encombrement des grandes villes, mais aussi de sédentarité. Elle constitue un outil prometteur pour donner plus d’autonomie aux enfants, mais aussi leur permettre de faire de l’exercice physique, de prendre l’air. Que des avantages ! 

Mais qu’en est-il en milieu rural ? Adrien Poirrier connaît bien le sujet, puisque son histoire avec le vélo a commencé justement à la campagne dans son village natal, une commune de 150 habitants. Pour lui, le vélo a été l’un des premiers outils de liberté pour pouvoir se déplacer, aller voir les copains, dans le village d’à côté ou parfois plus loin.

“Je pense qu’il y a besoin de vélo partout. J’aime bien dire que ce n’est pas le vélo qui changera le monde, mais que c’est l’outil d’un monde qui change”. Aujourd’hui, 25% de la population française vit en milieu rural. Dans ces zones, les questions de coût des mobilités sont prégnantes. Les déplacements y sont omniprésents et incontournables, pour se rendre au travail, au supermarché, pour emmener les enfants à l’école ou aux activités, lesquels sont plus éloignés du lieu d’habitation. Il y existe une vraie dépendance à la voiture. C’est là que le vélo a beaucoup à offrir et se présente comme un véritable levier pour démocratiser certains déplacements, d’autant plus avec l’arrivée de l’assistance électrique. Par ailleurs, de nombreux trajets représentent moins de 10 km, totalement réalisables à vélo.

Un lieu ouvert sur la société

Mais alors sur quels aménagements ? Pour Adrien Poirrier, “en France, nous avons beaucoup raisonné en termes d’infrastructures. Faire du vélo, c’est rouler sur des pistes cyclables. Ce qui risque d’être compliqué et couteux en milieu rural, voire impossible avec le “zéro artificialisation net”. Donc l’idée, c’est de travailler sur des itinéraires apaisés, où l’on partagerait l’espace. Le maillage routier français est très dense, donc il n’y a pas de raison qu’on ne puisse pas y faire une petite place pour toutes les mobilités actives.” 

L’idée de créer un lieu, en milieu rural et à destination de ses habitants ou visiteurs de passage, répondant à leurs problématiques spécifiques, un lieu d’échange et de rencontres, a donc germé dans la tête d’Adrien. À Maure-de-Bretagne, où il réside, en Ille-et-Vilaine, entre Rennes et Redon, la mairie a justement racheté l’ancienne gare située au bord d’une voie verte et souhaite en faire un espace dédié au vélo. “D’autant plus que nous sommes dans un département à la pointe sur le sujet, qui investit beaucoup dans les mobilités actives et notamment dans des infrastructures sécurisées. Et qui a pour ambition, pendant sa mandature, de créer 10 maisons du vélo”, souligne Adrien.

Et pourquoi pas une en milieu rural ? “Une maison du vélo, c’est une sorte d’enveloppe pour accueillir toutes sortes d’activités. Ça va de l’éducation aux mobilités, à de la location, à l’accueil de personnes en itinérance, en passant par la logistique, l’insertion par la mécanique. Il y a un millier de choses à faire ! Je l’imagine comme un lieu résolument ouvert sur l’ensemble de la société”, s’enthousiasme Adrien Poirrier. Une histoire à suivre de très près !

Ce contenu audio a été diffusé le 05 décembre 2023 sur AirZen Radio. Maintenant disponible en podcast sur airzen.fr, notre application et toutes les plateformes de streaming.

Par Florence Jaillet

Journaliste

Agence de communication Perpignan