De nombreux parents s’interrogent : faut-il multiplier les activités ludiques de 0 à 6 ans ? Comment occuper un tout-petit sans tomber dans la surenchère d’animations ? Anne-Claude Rovera rappelle que “le plaisir partagé prime sur la sophistication”. Cette dernière est co-autrice avec Jean-Emmanuel Rodocanachi, de “Le Grand Manuel des petites activités”, publié aux éditions Marabout.
Anne-Claude Rovera invite les parents à déculpabiliser. “Il n’y a pas de passage obligé. Ce n’est pas parce que la voisine fait de la peinture tous les mercredis qu’il faut s’y plier.” Ce qui compte, c’est que l’activité plaise à l’enfant et au parent. “Le Grand Manuel des petites activités” regorge ainsi de propositions simples, sensorielles, souvent inspirées de la nature. Des invitations à ralentir, observer, écouter… et laisser l’enfant grandir à son rythme.
Le jeu comme moteur du développement
À cet âge, le jeu constitue une activité sérieuse. Il permet à l’enfant de se construire physiquement et psychiquement. “Un enfant de 2 ans a besoin de bouger, de grimper, de contourner, d’expérimenter l’espace avec son corps”, insiste Anne-Claude Rovera. Ainsi, “un parcours moteur dans le salon, avec quelques coussins, des chaises et des cerceaux, suffit souvent à son bonheur. C’est un peu “Fort Boyard” version maison, avec un goûter à la clé !”
Pas besoin de matériel coûteux pour les activités ludiques de 0 à 6 ans : des objets du quotidien détournés suffisent à créer des jeux épanouissants. “Il n’y a pas de mauvais temps, seulement de mauvais vêtements”, glisse-t-elle encore, plaidant pour des sorties au parc même sous la pluie.
Les activités ludiques de 0 à 6 ans doivent rester libres et accessibles
Les longues activités ne sont pas nécessairement les plus élaborées. “C’est un peu comme un cadeau : l’enfant joue souvent plus longtemps avec le carton qu’avec le jouet lui-même”, observe Anne-Claude Rovera. Le secret ? Proposer des activités ouvertes, sans objectif figé, où l’enfant peut manipuler, recommencer, inventer.
Les bacs d’exploration figurent par exemple parmi ses coups de cœur. “Une bassine peu profonde, du sable sec ou mouillé, des coquillages, quelques figurines, et l’enfant plonge dans un univers sensoriel. Il touche, transvase, crée des histoires.” Une activité à la fois riche en découvertes et en autonomie, où chaque sens est sollicité.
La nature comme terrain de jeu
Autre ressource inépuisable : la nature. Feuilles, cailloux, brindilles, fleurs… tout devient prétexte à création. “La nature est le troisième éducateur de l’enfant”, rappelle Anne-Claude Rovera. Elle recommande ainsi la pratique du land art, une activité familiale et sans contrainte.
Par exemple, “lors d’une balade, on collecte des éléments naturels, puis on crée une composition au sol, sans pression de résultat. Un cercle de feuilles, une spirale de pommes de pin… tout est possible. […] C’est une activité qui réunit toute la famille, des tout-petits aux grands-parents.”
L’invitée.
Anne-Claude Rovera est la directrice qualité petite enfance du groupe Les Petits Chaperons Rouges. Infirmière puéricultrice et cadre de santé avec un parcours universitaire, elle place la qualité d’accueil de l’enfant et de la famille au cœur de ses priorités.
Forte d’un parcours professionnel aussi riche que varié (globe-trotter, missions humanitaires, autrice ou encore directrice de crèche), elle pilote aujourd’hui les domaines clés que sont la pédagogie, la puériculture, l’accueil inclusif, la santé, l’hygiène et la sécurité, l’accompagnement à la parentalité et la démarche Qualité. Elle est co-autrice avec Jean-Emmanuel Rodocanachi, de “Le Grand Manuel des petites activités”, publié aux éditions Marabout.
