Dès les premiers pas, l’activité physique joue un rôle fondamental : elle renforce les os, développe les muscles, améliore la coordination, mais surtout, elle stimule le cerveau. Comme le rappelle la Pr Martine Duclos, notre mode de vie actuel est à l’opposé de notre nature profonde. Résultat : les enfants manquent cruellement de mouvement, ce qui compromet leur développement global.

Loin de la panacée, le sport est pourtant un outil de prévention contre l’obésité, le diabète de type 2, les troubles de l’attention, voire les maladies cardiovasculaires à venir. Et ce, dès le plus jeune âge.

Bien plus qu’un effort physique : un apprentissage complet du corps et de l’esprit

Le sport, c’est aussi apprendre à tomber et à se relever. Réaliser une roulade, ce n’est pas juste ludique : c’est dépasser une peur, coordonner son corps, accepter l’échec et progresser. Chaque geste physique demande au cerveau une analyse rapide de l’espace, une synchronisation motrice, une gestion des émotions. Autrement dit : le sport sculpte la matière grise autant que les muscles.

Des IRM révèlent d’ailleurs que le cerveau reste activé jusqu’à trente minutes après un effort. Une activité sportive régulière améliore l’attention, la mémoire, le sommeil, la confiance en soi, autant de bénéfices précieux pour les apprentissages scolaires.

L’école : un rôle clé, mais un rendez-vous (trop souvent) manqué

Et pourtant… les heures d’EPS diminuent dès la cinquième. Un paradoxe criant, quand l’Éducation nationale affirme que cette discipline est essentielle à la santé des élèves. Résultat : une génération en risque de troubles métaboliques précoces et de fragilité osseuse, faute de mouvement suffisant.

Des penseurs comme Raphaël Verchère rappellent que l’idée de sport éducatif est récente. Longtemps, la France a opposé le collectif gymnique à l’individuel sportif. Ce clivage culturel pèse encore dans les représentations actuelles, où le sport reste perçu comme secondaire. Pourtant, il pourrait être le plus puissant allié éducatif de l’école.

Trop, trop vite, trop jeune : pourquoi l’intensité mal dosée peut freiner la croissance

Attention toutefois aux excès. Comme le souligne la Pr Duclos, le REDs syndrome guette les jeunes sportifs intensifs mal alimentés : troubles de la croissance, fragilité osseuse, carences multiples. Mais ce cas reste marginal. L’urgence, aujourd’hui, c’est d’inciter la majorité des jeunes à bouger davantage : seulement 33 % des filles et 51 % des garçons atteignent les recommandations d’activité physique.

Alors non, il ne s’agit pas de viser l’excellence ou la performance. Il s’agit de donner à chaque enfant les moyens de se développer harmonieusement, d’apprendre à mieux habiter son corps… et son esprit.