Manon, 30 ans, hospitalisée après une tentative de suicide, raconte comment la chienne Talia a transformé son quotidien à Sainte-Anne, à Paris : « Les animaux absorbent vos émotions et ne vous jugent pas ».
Elle n’est pas un cas isolé. Grâce à l’initiative de Marine Chauveau, infirmière formée à la zoothérapie, les visites régulières de Talia et Bella (une lapine) ont permis d’apaiser les crises, de valoriser les soignants, et même de réduire certains traitements médicamenteux.
À Lyon, dans les services pédiatriques dirigés par le Pr Pierre Fourneret, les enfants autistes ou hyperactifs bénéficient aussi de consultations assistées par des chiens. Résultat ? Des comportements plus apaisés, une meilleure régulation émotionnelle, une relation thérapeutique transformée. L’animal devient médiateur, témoin silencieux, présence sécurisante.
Des fermes thérapeutiques aux chevaux-miroirs : une autre approche du soin psychique
À Ville-Évrard, en région parisienne, une ferme implantée au cœur de l’hôpital psychiatrique permet à des patients atteints de troubles mentaux de retrouver un lien au vivant. ânes, colombes, tortues, cochons d’Inde : ici, on soigne autrement, en réhabilitant la relation à l’autre… qu’il soit à plumes, à poils ou à carapace. Une quinzaine d’animaux vivent ainsi au contact quotidien des patients, sur prescription médicale.
Plus au sud, à Liniers, près de Poitiers, des patients victimes de psychotraumatismes participent à des sessions de médiation équine. Pour ces adultes marqués par des agressions, incestes ou violences, le cheval devient un miroir émotionnel : il ressent, il reflète, il rassure. Une approche initiée par la psychologue Dominique Joaüs, convaincue de son impact réparateur.
Une pratique encore marginale, mais aux effets prometteurs
Si la médiation animale reste marginale dans le système hospitalier français, elle séduit de plus en plus de professionnels de santé. Pourquoi ? Parce qu’elle agit là où les mots peinent à passer.
Parce qu’un chien qui vous regarde sans peur, une chèvre que l’on nourrit, un cheval qui vous suit du regard, peuvent déclencher des déclics, reconstruire une estime effondrée, ou simplement apaiser.
Et surtout, parce que dans un univers médical souvent saturé de protocoles, ces animaux apportent une touche de chaleur, de spontanéité, d’émotion non codifiée. Un rappel que soigner, c’est aussi accueillir l’autre dans sa globalité, y compris dans ses silences, ses angoisses… et ses besoins de tendresse.
