Paris est devenue, en l’espace d’une décennie, un véritable laboratoire de la crème glacée : chefs pâtissiers, MOF et artisans d’horizon divers y façonnent désormais des parfums audacieux, du sorbet fraise des bois au sésame-poivre de Timut. Ce guide pratique réunit vingt adresses où l’on passe, cornet à la main, du grand classique indémodable à la création la plus folle — parfait pour remplir votre « bucket-list » gourmande et faire saliver Google Discover.
Un terrain de jeu pour artisans et créateurs
Longtemps cantonné au macaron, l’hexagone a vu fleurir plus de quarante glaciers artisanaux intra-muros. La maison Berthillon, sur l’île Saint-Louis, reste l’étendard historique : son sorbet fraise des bois, mis au point dans les années 1960, est toujours turbiné en micro-lots pour préserver le parfum sauvage et sa glace pistache a vraiment le goût de la pistache, pas de l’extrait de pistache artificiel vert flashy qu’on retrouve (trop) souvent ailleurs. À l’autre extrême du spectre, Folderol mêle cave à vins nature et glaces de saison ; quand le soleil tape, courez goûter leur coupe nectarine-hibiscus et un verre d’aligoté folderol.fr.
20 expériences givrées à vivre
Dans le Marais, Une Glace à Paris d’Emmanuel Ryon, Meilleur Ouvrier de France Glacier, affole les papilles avec une crème glacée sésame noir–caramel tout en contraste. Quelques rues plus haut, Bachir fait voyager vers Beyrouth : sa glace achta roulée dans la pistache croquante tutoie le souvenir d’enfance. Les amateurs de rock’n’roll feront un détour par Glazed pour commander « Mr Grey », mariage torride de sésame torréfié et poivre de Timut, encensé par le chef-auteur David Lebovitz.
Au pied du Panthéon, La Fabrique Givrée transforme la tarte au citron meringuée en pot glacé ; son fondateur détaille sa démarche « glacerie d’auteurs » dans cet entretien AirZen.fr. Pour une expérience haute couture, direction La Manufacture de Glace Alain Ducasse : le praliné-pécan y est traité comme un grand cru de chocolat, relevé d’une pointe de sel pour accrocher le palais.
Rive gauche, l’élégant salon Il Gelato del Marchese sert une noisette du Piémont incrustée de gianduja — escale éclair Rome-Luxembourg garantie.
Au détour du Marais, Pozzetto défend un fior di latte ultra-crémeux turbiné matin et après-midi pour éviter la cristallisation. Besoin de fraîcheur tropicale ? Fruttini by MO garnit carrément la coque d’une mangue de sorbet mangue maison pour une expérience encore plus intense.
Dans le 11ᵉ, La Glacerie du MOF David Wesmaël révolutionne le bâtonnet avec ses « tubes » cacahuète-framboise à trancher à table. Deux stations de métro plus loin, La Tropicale infuse fleur de cerisier et gingembre dans des sorbets qui respirent le soleil latropicaleglacier.com. Pour la photo souvenir, Amorino sculpte encore ses mythiques roses bicolores, tandis que Grom régale de pistache de Bronte DOP en plein Saint-Germain cntraveler.com.
Enfin, cap sur le 20ᵉ : Reÿs traduit ses voyages en parfums — essayez le jasmin-litchi-citronnelle pour comprendre le pouvoir évocateur d’une glace. On clôt la dégustation chez Bältis pour un sorbet grenade à l’eau de rose, puis on revient à Berthillon cocher le parfum saisonnier, qu’il s’agisse de marron glacé en hiver ou de pêche blanche en août.
Conseils d’organisation
Les cornets s’arrachent dès midi ; le week-end, arrivez à l’ouverture pour éviter la rupture des parfums rares, surtout chez Berthillon ou Pozzetto. Comptez de 3 € à 6 € la boule, 10 € pour les coupes signature de Folderol ou d’Alain Ducasse. Chez Bachir, la formule « dégustation » à 10 € (trois parfums) permet d’esquiver la file. Pour un marathon glacé à petit budget, suivez la balade gourmande de Salive, trois heures entre Marais et Bastille pour moins de 30 €. Enfin, n’oubliez pas la glacière isotherme pour rapporter à la maison les « tubes » de La Glacerie ou les fruits givrés de Fruttini.
Pourquoi cette sélection vaut le détour
Qu’elles valorisent un terroir français (pistache provençale, noisette ardéchoise) ou qu’elles invitent au voyage (acha libanaise, sorbet spritz), ces vingt glaces racontent une même quête : sublimer le goût authentique du produit et l’associer à un geste artisanal pointu. En les parcourant, vous embrasserez toutes les facettes d’une capitale qui, de la canicule de juillet aux frimas de janvier, reste irrémédiablement givrée.
