Des collégiens décrocheurs qui reprennent goût aux maths grâce à l’escalade. Des élèves plus concentrés après un cours de sport. Des adolescentes qui pensent – à tort – que le sport nuit aux bonnes notes. Ces situations, relevées par des sociologues, médecins ou philosophes du sport, racontent toutes la même chose : le corps et l’esprit ne s’opposent pas, ils collaborent.
Le sociologue Gilles Vieille-Marchiset, après avoir suivi des programmes sociosportifs, souligne que le sport est un vecteur de lien social et un outil de raccrochage scolaire. Et l’effet dépasse la simple activité physique : quand un professeur relie les apprentissages scolaires à une activité physique – comme l’escalade – les élèves résistent mieux aux difficultés. Pas de miracle, mais un vrai changement d’attitude.
L’EPS, toujours marginalisée malgré ses effets cognitifs prouvés
Malgré les bénéfices démontrés, l’éducation physique reste une matière secondaire, souvent sacrifiée dans les emplois du temps. Pourtant, des études montrent que l’activité physique entre deux cours améliore l’attention, calme les élèves, et prépare leur cerveau à mieux apprendre. La professeure Martine Duclos insiste : après un effort, le cerveau reste stimulé pendant vingt à trente minutes.
Et c’est encore plus flagrant après le déjeuner : programmer un cours d’EPS en début d’après-midi améliore la concentration en fin de journée. Logique, mais rarement appliqué.
Un enjeu de santé mentale et de reconnaissance des compétences
Le sport à l’école, c’est aussi une réponse au mal-être croissant des jeunes. Avec 24 % des lycéens ayant eu des pensées suicidaires et près de 15 % présentant un risque de dépression, il y a urgence à proposer des outils accessibles. La psychiatre Aurélie Schandrin recommande les sports collectifs pour développer les habiletés sociales, et les pauses actives pour apaiser les tensions.
Et pour certains jeunes, le sport est aussi une manière de briller autrement, de se sentir compétent dans un cadre bienveillant. Oui, il peut aussi générer du malaise, mais c’est précisément en le traitant comme un cours à part entière, avec accompagnement, qu’on peut en faire un levier d’épanouissement.
